Avis sur La Femme en spirale

La Femme en spirale marque la fin d’une époque pour Davy qui après ce film va faire une très longue pause de réalisateur et revenir, par la suite, à des projets plus « classiques ». Pour ma part, il arrive un peu au bout d’une démarche avec ce métrage assez bizarre que je ne considère pas comme son meilleur. La raison : on a plus l’impression d’être dans un Jésus Franco que dans un Davy ! Le montage est très chaotique, le scénario, fracturé, il y a une mise en abîme pas toujours très claire, bref, on se retrouve devant un film exagérément et volontairement confus pour dire, finalement, quelque chose de très simple. Ca manque de fluidité, ça se veut expérimental, ça cite explicitement la Nouvelle Vague (une inspiration pour Davy), mais on se retrouve avec un film godardien au pire sens du terme (et pour la dimension érotique, dans certains Franco expérimentaux). Davy fait des pédanteries, et ça ne marche pas vraiment. Là où son cinéma est ordinairement très fluide, très claire, malgré un montage volontiers elliptique, ici c’est assez foutraque et ça nuit à la compréhension de l’histoire et du propos. J’ajoute, que le film en perd aussi le naturel qui fait généralement la force des films de Davy, au profit de dialogues un peu plus pompeux que de coutumes (ça cite et ça balance des proverbes et des aphorismes très régulièrement, ça devise philosophie) que les acteurs donnent forcément l’impression de déclamer certaines fois.
A noter également une bande son appréciable mais avec une invasion régulière de musique classique très répétitive !
Toutefois, on ne peut pas réduire ce film à ses faiblesses. Techniquement, il est bien fait, avec une belle photographie (collaborateur de Bénazéraf mais aussi de Jean Eustache), une réalisation très propre où l’on sent l’expérience du réalisateur sur des films érotiques ou porno, puisqu’ici le décor est souvent un lieu de tournage d’un film érotique (on sent l’authenticité de certains petits détails, comme celui de la culotte). De même, si l’essentiel du casting vient du cinéma porno, ça tient la route. Les acteurs connaissent ce qu’ils jouent (Ceray un producteur de film érotique ; Shirley une réalisatrice ; Hardiman une sorte d’influenceuse nympho), et le jouent plutôt bien, même si comme je l’ai dit ils ne sont pas aidés par des dialogues souvent trop écrits et trop artificiels. Il y a quand même des moments très réussis et j’ai trouvé que chaque acteur avait été judicieusement choisi pour son rôle (comme souvent avec les acteurs porno jouant chez Davy, je trouve dommage que certains ne soient pas allés vers le cinéma classique car ils sont loin d’être mauvais).
L’érotisme justement, venons-y. Il est bien présent dans le film, et on effleure même à un petit moment l’imagerie porno. Si vous n’appréciez pas, vaut mieux éviter ce métrage donc ! Toutefois, on retrouve bien Davy dans ces scènes, avec le côté malicieux du réalisateur. spoiler: Il nous sert une scène qui pourrait être une parodie X d’une pub Dim dont il devait être très fier, car elle apparaît à trois reprises
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Globalement, ce film est inégal. Davy s’empêtre un peu dans sa volonté de cinéma expérimental, trop philosophique, trop reflexif, et finit par pondre des dialogues trop souvent excessifs, des situations un peu grotesques et par multiplier des scènes alignées les unes à la suite des autres dans un ensemble incohérent ou cohérent seulement pour lui (les scènes de danse hyper longues !). C’est propre, bien interprété, il y a un propos intéressant et parfois le réalisme si attrayant de Davy ressurgit, mais pour moi c’est sûrement le film le plus ambitieux du réalisateur et aussi son plus faiblard. Une curiosité, mais pour ma part on sentait quand même un réalisateur un peu au bout du bout de ce qu’il avait à exprimer. 2.5

L'aspect expérimental est vraiment passionnant. Davy joue de tous les degrés possibles de rapports entre réalité et fiction. Mise en abîme d'un cinéaste mettant en scène un film et sa réalisatrice, fantasmes, enquête fictionnisée (des répliques de "Prostitution"), enquêtrice se retrouvant comme son propre objet... Ça prend parfois un aspect humoristique quand un casting X tourne à la séquence godardienne. Davy est d'une époque où l'on croit au pouvoir émancipateur du cinéma érotique. Ses films en sont vraiment attachants. Ce n'est pas de sa faute si le porno est devenu ce qu'il est.