Bon, honnêtement à l’époque où j’avais vu la bande annonce, je me souviens d’avoir eu un réel coup de cœur pour Frankenfish. Alors forcément, une fois que j’ai jeté un coup d’œil au métrage, j’ai quand même été un peu déçu.
Ca ne tient pas tant au casting. D’abord parce qu’en général dans ce genre de métrage on ne s’attend pas à grand-chose, mais ensuite car là on a le droit globalement à des personnages plutôt sympathiques. Ils sont typés, ont des caractères propres (bien que pas exempts de clichés et de caricatures), et s’avère plutôt travaillés. Bref ce ne sont pas des coquilles vides, et chacun d’une certaine manière est un peu le héros, ayant tous leur moment de gloire. Les acteurs bien sur n’ont rien de génial, d’ailleurs il n’y a pas vraiment de noms connus, mais ils s’en tirent essentiellement grâce à une belle conviction, et à la vie qu’ils parviennent à insuffler à leurs personnages.
Le scénario est un peu le point noir de Frankenfish. En fait il part sur une excellente idée de base, avec le village lacustre. Mais finalement, il va progressivement finir par s’enliser dans un genre film de monstres très basique, qui n’ait ni aussi délirant que le titre pourrait le laisser supposer, ni aussi brutal et gore que la bande annonce à l’époque semblait l’annoncer. En fait le résultat est finalement timoré, et si on peut pardonner les stéréotypes du genre (ici pas si mal détourner que cela quand même), c’est plus difficile lorsque l’on a un produit hésitant, contradictoire même parfois. A noter aussi un rythme inégal avec de vraies baisses par moment.
Visuellement Dippé n’est pas réputé pour être un grand réalisateur, et il faut reconnaitre qu’il ne convainc pas pleinement ici. Alors attention, il n’est pas si mauvais que cela, et il se permet même lors des attaques de bons moments, mais dans l’ensemble c’est peu imaginatif. Dippé ne parvient pas à imposer sur son métrage une personnalité, son style, il pique souvent maladroitement des idées de ci de là, et le résultat est finalement quelconque, alors que là encore, le projet de départ visé nettement à faire de Frankenfish un concept délirant et audacieux. Reste les décors, tout à fait à la hauteur avec une belle atmosphère de bayou et l’idée singulière (qui reste la meilleure) du village lacustre, et une photographie convenable qui est un peu en délicatesse lors des passages nocturnes (tout n’est pas d’une parfaite lisibilité). Quant aux effets spéciaux, j’ai été un peu déçu quand même. Le poisson a un look impressionnant (je me demande d’ailleurs pourquoi on n’a pas encore pensé à des Dunkleosteus ou des trucs du genre comme créature), et l’incrustation n’est pas trop mauvaise. En revanche les effets horrifiques sont particulièrement foireux (le sang, oui bof !), et la créature apparait trop peu. Certaines attaques sont tellement vives qu’on ne voit strictement rien. Alors certes c’est peut-être dans un but réaliste, mais le spectateur regarde tout de même Frankenfish pour voir la créature. La bande son ne m’a pas laissé de souvenirs mémorable par ailleurs.
En fait au bout du compte Frankenfish est une série B monstrueuse assez mineure. C’est rageant, car il y avait clairement ici un potentiel de fou. Une créature originale, un lieu d’action original, des personnages pas si mal, un titre alléchant qui pouvait déboucher sur une comédie monstrueuse bien gore, genre rare pour le coup. Mais non. Le spectacle est classique, il y a un sentiment de sous-exploitation manifeste du potentiel. Malgré cela le spectateur pas trop exigeant passera un bon moment, pour ma part je n’ai pas détesté, loin de là, mais je ne peux pas aller au dessus de la moyenne.