Il y a des jours comme ca où on a de la chance, on n’a que des choses sympathiques à dire sur les films que l’on critique. Je ne pensais pourtant pas avec un film de prisons pour femme de 1993 qui sentait bon le nanar qui tache, mais non, en fait c’est même une belle petite surprise.
Chained Heat s’appuie d’abord sur un casting très agréable, et je ne dis pas uniquement cela parce qu’il se dénude !
Brigitte Nielsen est certes la vedette du film, mais elle n’est finalement pas tellement au cœur de l’histoire, sauf dans la dernière partie où elle apparait plus. Elle se débrouille pas mal, mais il est clair qu’elle s’appuie beaucoup plus sur sa photogénie et son charisme pour assurer sa présence que sur son jeu limité, surtout par rapport à ses collègues. Elle se fait en effet clairement voler la vedette, en méchante, par Jana Svandova, qui non seulement a le physique de l’emploi, mais en plus s’avère nettement plus piquante et vicieuse que sa consœur, en n’hésitant pas, de temps à autre à en rajouter une petite couche. Face à elles, se trouve le duo Kimberley Kates et Kari Whitman. Elles se débrouillent ma foi bien, surtout Kimberley Kates qui joue la prisonnière si je ne me trompe pas. Elle assure vraiment, et s’avère très plaisante à suivre dans ses mésaventures, apportant une certaine finesse qui manque généralement dans ces productions. Coté casting masculin c’est léger, avec un Paul Koslo solide, et un Mark Vasut assez moyen, en tout les cas pas des plus mémorables.
L’histoire part donc sur des bases peu originales pour ce registre, et l’on s’attend aux habituels lieux communs. Ce n’est pas faux d’un sens, mais le film clairement reste au bout du compte assez léger de ce point de vue. Clairement il fait le choix d’aller un peu plus loin au niveau de la psychologie de ses personnages, de complexifier un peu le manichéisme habituel. Par ailleurs il introduit l’idée de la drogue… qui allonge un peu la base scénaristique. Du coup, même si le film est sans doute un peu long (1 heure 40) pour ce qu’il a à raconter, il donne l’impression d’être plus étoffé et plus abouti que beaucoup de ses confrères. Par ailleurs la gradation est solide, il y a quelques passages dramatiques qui ne sont pas mal faits du tout.
Coté réalisation je dirai que le film n’est pas tonitruant, mais c’est assez bien fait. Le réalisateur offre une mise en scène propre, techniquement convenable, et même si certains de ses plans ouvertement voyeuristes (sa caméra aime bien glisser sur les postérieurs des jeunes femmes) apparaissent un peu « balourdement » amenés, cela montre qu’il pense à son public. La photographie est assez agréable, car elle est claire, sobre et sans effet tapageur. Elle peine peut-être un peu à créer une ambiance à l’image des exactions commises dans cette prison finalement un peu proprette, mais elle est agréable. Les décors restent relativement circonscrits au minimum syndical, mais ce qui est montrer est correct, bien qu’encore une fois un peu propret pour ce qui est de la prison. Alors comme tous films de prisons de femmes il y a de l’érotisme. Pas de surenchère ici, avec surtout de la nudité exposée, sans plus. Il y a plein de femmes nues, mais ce n’est jamais vulgaire, c’est même, et cela m’a surpris, assez classieux pour une série B du genre. Bonne bande son aussi, sérieuse et appliquée très étonnante, et qui joue un vrai rôle.
Au final Chained Heat 2 est un bon film. Alors certes il faut être quand même un minimum sensible au genre, qui reste du cinéma d’exploitation pur et dur, mais celui-ci a des prétentions plus élevées, et il se débrouille bien pour les atteindre. En tout les cas j’ai passé un bon moment, et j’avoue que je ne partais pourtant pas des plus enthousiastes. Il mérite pour tous les amateurs un coup d’œil, indéniablement.