A la base, Jeff, le personnage incarné par Gérard Darmon, était prévu dans le scénario comme pour les deux premiers volets. Seulement, le comédien, en froid avec Marc Esposito pour d’obscures raisons, n’a pas souhaité faire partie de l’aventure. Comme il était impensable pour le cinéaste que Jeff soit joué par un autre acteur, il a donc décidé de réécrire le scénario en intégrant un nouveau personnage, Jean, campé par Eric Elmosnino. Mais il y avait un risque, celui que les trois autres acteurs principaux n’adhèrent pas à cette idée, comme précise le metteur en scène : "Il aurait suffi que l'un des trois n'aime pas, et tout tombait à l'eau. Dans mon esprit, on pouvait faire une suite cohérente avec un nouveau, pas avec deux."
Face à l’échec de son précédent film Mon pote porté par le tandem Edouard Baer/Benoît Magimel, Marc Esposito, qui souhaitait réaliser Ma copine, a alors compris qu’il n’obtiendrait jamais le budget nécessaire. Dans cet embryon de scénario qui n’a malheureusement jamais vu le jour, le cinéaste avait réservé un important second rôle à Eric Elmosnino. C’est donc en toute logique qu’il s’est adressé à lui pour incarner Jean dans Le Cœur des hommes 3.
Si Le Cœur des hommes 3 rencontre le même succès que les deux précédents volets (1,5 et 1,8 million d'entrées en France), le réalisateur confie qu’une ou plusieurs suites seraient plus qu’envisageables : "C'est sûr qu'on a tous très envie de se retrouver. J'aimerais beaucoup aller jusqu'à 5. Au moins !"
Dans le scénario, Jean est projeté au cœur d’un groupe d’amis auquel il s’intègre petit à petit. Eric Elmosnino, comme dans le film, atterrissait dans une bande déjà soudée sur le tournage du Coeur des hommes 3. Si l’acteur connaissait déjà Marc Lavoine d’un festival dans le Sud et avait hâte de tourner avec le trio originel, il appréhendait tout de même le premier contact : "Je n’avais pas très envie de faire le malin ! (...). J’étais un peu comme une jeune fille qui se rend à son premier rencard !" Mais le courant est tout de suite passé avec les autres acteurs, comme le précise Lavoine : "Eric est comme un nouveau frère. Il s’est intégré à cette bande qui ressemblait d’ailleurs à une famille."
S’il n’est pas rare de tourner simultanément avec plusieurs caméras pour des raisons pratiques dans les blockbusters américains, il est en revanche peu commun d’en utiliser 3 pour une comédie romantique française. Le réalisateur Marc Esposito a choisi d’utiliser ce procédé pour que les comédiens puissent tous jouer en même temps et sans interruption. Le rendu est beaucoup plus fluide : "Tout son travail avec les trois caméras est fascinant. (…) C’est d’une précision hallucinante, d’une grande rigueur. J’imagine bien le travail que cela demande en amont. Pour les acteurs, c’est un plaisir total de pouvoir jouer ensemble les scènes dans la continuité…", confie Bernard Campan.
On retrouve dans le troisième volet de la saga énormément de points communs avec les deux premiers volets. Aussi, Marc Esposito ne considère pas réellement son œuvre comme une trilogie : "En fait, Le Cœur des hommes est plus proche de séries comme Friends ou Desperate housewives, (…) Nous sommes en effet exactement dans un schéma de série avec des décors récurrents, des problématiques récurrentes, des personnages récurrents – il doit y avoir une quinzaine d'acteurs communs aux trois films, jusqu’aux enfants qui grandissent et qu’on retrouve de film en film…"
Le personnage de Jean (Eric Elmosnino) multiplie les aventures. Il a donc fallu ajouter beaucoup de personnages féminins par rapport aux deux films précédents. Les actrices choisies devaient être suffisamment différentes physiquement pour éviter que les spectateurs ne les confondent : "Ça m'était arrivé sur le premier Coeur des hommes, où je m'étais rendu compte, avec stupeur, qu'une partie du public avait cru qu'Alice Taglioni et Valérie Steffen jouaient le même personnage ! Elles ne se ressemblent pas du tout, elles ont quinze ans d'écart, mais elles sont blondes toutes les deux, et on les voyait dans le même décor, avec le même partenaire (Alex-Marc). Depuis, je suis très vigilant là-dessus !"
En plus des thèmes présents dans les deux premiers films et d’un troisième spécialement créé par un nouveau compositeur, Marc Esposito rythme Le Cœur des hommes 3 avec énormément de chansons. Le cinéaste, qui aime beaucoup Adele, souhaitait qu’elle fasse partie de la bande originale du film. Seulement, le temps que le projet se monte, la diva est devenue une star de renommée internationale et l’argent nécessaire à l’achat des droits dépassait amplement le budget réservé à la musique...
Marc Esposito était réalisateur et scénariste du premier volet, producteur exécutif du deuxième et producteur délégué du troisième (un producteur délégué est la personne juridiquement et financièrement responsable d’un film) : "Je trouve normal de m’en préoccuper. D’ailleurs, je m’en suis toujours mêlé, même sans être producteur. J’ai toujours refusé, par exemple, de faire des films où les gens n’étaient pas payés au moins au tarif syndical."
Pour créer le personnage de Jean, le metteur en scène s’est inspiré de son interprète Eric Elmosnino. Jean présente donc plusieurs similitudes avec le comédien : "Des petits détails comme le fait que j’ai 47 ans, que je fume beaucoup mais d’autres choses encore… Cela me faisait drôle et c’était très touchant... Bon, "la filière classique, l’ENA et Polytechnique...", c’est moins vrai ! Dès que j’ai lu cela, je me suis d’ailleurs demandé comment j’allais le dire sans faire rire !"
Durant le tournage, Eric Elmosnino a été surpris du changement flagrant d’ambiance entre les scènes avec ses 3 compères et les scènes sans : "J’avais un peu l’impression de faire deux films et je pense que c’était la même chose pour les autres. Il y avait les jours où l’on était tous les quatre – et là, on est au cœur du Cœur des hommes – et il y avait les jours où on ne se voyait pas, où chacun vivait ses histoires en solo. La tonalité, la couleur, l’humeur des scènes n’étaient pas les mêmes. Et ce n’était d’ailleurs pas la même ambiance sur le plateau. Tout d’un coup, on se retrouvait seul."
Les premières lectures avec les 4 acteurs principaux ont constitué la parfaite occasion d'intégrer Eric Elmosnino à la bande. Le réalisateur a donc décidé de tous les réunir à Cabourg (une ville située dans le département du Calvados) : "On a beaucoup parlé, beaucoup bu, beaucoup rigolé… Immédiatement, le courant est passé entre eux". Marc Lavoine ajoute : "Cabourg, pour Le Cœur des hommes, c’est un lieu emblématique. Dans le film, c’est là que les quatre se retrouvent sans les femmes, sans les enfants, pour prendre leurs distances avec leur vie parisienne, pour faire le point, pour fêter quelque chose ou parce que l’un d’eux veut parler aux autres d’un sujet qui lui tient à cœur. Eh bien, cette fois-ci, Cabourg a joué le même rôle dans la vie !"
Marc Esposito possède une manière bien particulière de rédiger ses scénarios. Il met toutes ses idées sur papier puis fait le tri au fur et à mesure. Ce vaste processus donne ainsi naissance à de nombreuses versions de la même histoire : "Cela peut durer un an quasiment à temps plein. Pour le 3, nous avons tourné la version 10", explique-t-il.