"Encore un film moralisateur, mouais..." me suis-je dis à la vision de la bande annonce, mais l'attrait d'une avant-première en présence de Zabou Breitman que j'aime beaucoup a eu raison de cet a priori. Loin d'être conquis d'avance, j'ai donc été plus qu'agréablement surpris par ce film qui traite d'un problème social comme le cinéma devrait toujours le faire (enfin comme moi j'aime qu'il soit traité), au second plan derrière une histoire et des personnages attachants.
Cette histoire c'est celle de Lou, jeune adolescente surdouée, seule et perdue aussi bien dans sa famille, détruite par un événement dramatique, que dans son lycée, entourée d'élèves plus vieux qu'elle. Au détour d'un exposé, elle rencontre une jeune SDF, qu'elle décide de tirer de la rue. Petit à petit, une amitié fraternelle naît entre les deux jeunes filles, qui vont s'aider mutuellement et se sortir de leurs solitudes respectives...
Sans doute aidé par un très bon roman (que je n'ai pas lu, mais assorti d'une très bonne réputation), Zabou Breitman signe un film très émouvant et attachant qui aborde deux thèmes principaux, également traités. D'abord les SDF. A ce problème malheureusement toujours d'actualité, Zabou ne donne pas de solutions toutes faites et utopistes, mais montre plutôt sa réalité sans une quelconque morale. Par cette démarche, Zabou cherche surtout à faire évoluer notre regard, et nous amène volontiers à la réflexion. Le deuxième thème, celui de l'adolescence et de la recherche de sa place dans ce monde, est lui aussi très habilement traité, d'une manière touchante. Plus proche du quotidien du spectateur, il permet à celui-ci de se retrouver dans le film et ainsi de se sentir plus facilement concerné par le fond social du film.
La réussite du film tient énormément à un trio de jeunes protagonistes plus qu'attachants, qui doivent beaucoup à leurs interprètes. La jeune Nina Rodriguez (déjà repérée dans "Le Premier jour du reste de ta vie") offre au personnage de Lou toute sa maturité et sa sensibilité. Julie-Marie Parmentier, au jeu réaliste mais jamais cliché, campe une SDF aussi endurcie que fragile. Le jeune Antonin Chalon (fils de Zabou) apporte quant à lui une touche de fraîcheur à ce petit groupe.
"No et moi" est à l'image de sa réalisatrice, sensible, généreuse, et sincère.