Shark in Venice est probablement un des pires métrages avec des requins, à peu près au même niveau que les « Dents de la Mer 5 » de Mattei. Il faut vraiment se lever tôt pour trouver quelque chose à garder.
L’interprétation d’abord est terrible. On ne peut pas dire que la carrière récente de Stephen Baldwin soit brillante. S’il n’a jamais été un grand acteur, dans des productions plus racées, au milieu d’acteurs plus solides, c’était passable, mais là, plutôt que de chercher à relever le niveau du film, il se met à sa hauteur, c'est-à-dire raz les pâquerettes. Inexpressif, regard bovin la plupart du temps, il joue sans conviction, aussi flasque qu’un blob, un personnage il est vrai sans intérêt. Rien que le nom de David Franks en dit long sur l’épaisseur du personnage. A ses cotés le seul intérêt du film, la sœur de Scarlett Johansson, Vanessa. Malheureusement, comme Dedee Pfeiffer, sœur de Michelle, elle a mal tourné ! Faut dire que le talent n’est pas le même. Au-delà du jeu, elle n’a pas non plus le même charisme et la même capacité à occuper l’image (et ce n’est pas lié au physique). Pour le reste on a un méchant caricatural, quoique l’acteur a le type italien, ce qui est déjà pas mal étant donné que la policière de service est jouée par la très italienne Hilda van der Meulen, blonde aux yeux bleus, charmante au demeurant mais jamais crédible. Pour le reste que dire, quant on voit des Ivaylo Geraskov ou des Vlado Kolev et que l’on apprend que le film est tourné en Bulgarie toutes nos attentes s’évaporent.
Niveau histoire, ce n’est guère mieux. Le problème c’est que Shark in Venice s’égare terriblement. En fait il veut accrocher le spectateur avec ses requins et son idée de les transférer à Venise, le problème c’est que dans les faits le film se veut un succédané bien nul d’un chapitre d’Indiana Jones et la dernière croisade. Du coup, comme souvent avec ce genre de métrage, les requins sont justes là pour attirer le gogo, et dans les faits ils apparaissent très très peu. Et lorsqu’enfin ils se bougent, les attaques sont tellement rapides (et mal faites au demeurant) qu’on ne voit rien. Étant donné que la partie aventure est d’une profonde nullité (parfois il y a des pastiches honnêtes, mais là c’est vraiment affreux), Shark in Venice loupe le coche sur les deux tableaux. De surcroit très premier degré, il faudra du cœur pour réellement rire aux éclats. Le rythme n’est pas trop mou, mais il faudra supporter beaucoup de clichés, de poncifs, d’incohérences (avec des requins à Venise, évidemment, même les scientifiques n’ont pas de réponse claire !), et je pense qu’il ne faut surtout pas avoir vu Indiana Jones 3, sinon ce n’est plus du dédain ou de la pitié que l’on ressent à l’égard de Shark in Venice, mais une réelle animosité !
Sur la forme, ce n’est pas mieux. On a tout les défauts habituels de la maison. Une photographie laide, qui tente maladroitement de montrer au spectateur que l’on est bien sous le soleil italien. Les décors sont au diapason. Bien sur on n’attendait pas des séquences époustouflantes dans les canaux vénitiens, mais quand même, c’est à la fois pauvre et totalement dépourvu d’âme. Il y a vraiment le sentiment que les décors servent juste de toile de fond, et cela n’est jamais bon dans un film. La mise en scène est du même acabit. Je ne veux pas être méchant, mais Lerner est un laborieux du cinéma. Je ne sais pas si c’est un laborieux du genre je me les roule, ca suffira bien pour les nigauds qui vont acheter mon film, ou s’il sue, essaye désespérément de rattacher les wagons sans réussite, mais en tout cas le résultat est pathétique. C’est constamment mal foutu, sans imagination, sans âme là encore. A noter par ailleurs que Shark in Venice n’est pas vraiment horrifique, il faut chercher longtemps pour trouver un effet vaguement sanglant. Enfin coté musique il n’y a rien, ce qui pour un film se passant à Venise fait un effet bœuf !
Bon, en gros vous l’aurez compris, Shark in Venice est presque nul sur le fond, nul sur la forme. Beaucoup trop sérieux par ailleurs, il n’a pas du tout la dimension fun et potache d’un Two-headed shark attack ou d’un Sand Sharks. Croisement improbable entre les Dents de la Mer 5 et Chris Quatermain, il ne mérite pas 1 heure 30 de temps.