Tout le monde a droit à une seconde chance, même l’agent 47 ! Vous savez, ce célèbre tueur à gages tenant l’affiche de la franchise vidéoludique Hitman qui avait déjà eu droit à une (pitoyable) adaptation sur grand écran en 2007 ? Eh bien, le personnage effectue son come back dans un tout nouveau film qui se présente au public telle une sorte de reboot et non une suite, comme l’avait été L’Esprit de Vengeance pour le premier Ghost Rider. Et à l’instar de ce dernier, ce second volet réussit l’exploit de faire pire que le précédent. Explications.
Comme la plupart des jeux vidéo portés au cinéma, Hitman premier du nom se montrait assez insultant envers son modèle. À la manière des films Resident Evil qui oubliaient l’angoisse au profit d’une action décérébrée à la limite du clipesque, le long-métrage de Xavier Gens (charcuté au montage par une production américaine prenant les spectateurs pour des abrutis) était sorti en salles sous la forme d’une série B explosive. Se voulant spectaculaire sans vraiment y parvenir car assez mal fichu dans l’ensemble (mise en scène non maîtrisée, montage anarchique…). Ce qui était bien loin de la discrétion propre au personnage du jeu. D’autant plus que celui-ci, de base sans âme, froid et calculateur mais non sans charisme, se retrouvait pour le coup avec une histoire et des sentiments, le rendant trop humain, limite « faible », et lui retirant pour le coup son aura de tueur au sang-froid (l’interprétation de Timothy Olyphant n’aidait pas grandement). Ici, dans Hitman : Agent 47, les choses ont évolué… dans le mauvais sens.
Pourtant, on sent que l’équipe du film a voulu revenir vers les bases même du protagoniste. À savoir énigmatique, imprévisible et inhumain. Le problème étant qu’elle n’a pas su l’exploiter convenablement. Car si l’idée d’en faire un antagoniste était plutôt ingénieuse sur le papier, le personnage éponyme devient très vite un bourrin totalement inintéressant envoyant des références en veux-tu en voilà (comme effectuer une pose avec ses flingues, se déguiser à tout-va) de manière incongrue. Sans compter que la prestation de Rupert Friend n’est pas du tout convaincante (ni sa calvitie d’ailleurs…), le comédien étant à côté de ses pompes et ayant le charisme d’une huître. On en reviendrait presque à regretter Timothy Olyphant, c’est pour dire ! Laisser une seconde chance au film de Xavier Gens serait même un réflexe une fois celui-ci vu, étant donné qu’il possédait bien plus de qualités que ce nanar sans nom.
Le premier Hitman était infidèle au jeu vidéo, mais au moins, il avait une histoire à raconter. Ici, on nous sert une intrigue abracadabrantesque de super-soldats mal agencée qui enchaîne des séquences d’action encore plus décérébrées que précédemment. Ces dernières, en plus de souffrir d’une photographie de piètre qualité, doivent subir un montage hystérique au possible (Agent 47 en devient encore plus clipesque que le premier) mais surtout une incompréhensible surdose de CGI bien vomitive alors que de simples cascades pourtant réalisables (telle une voiture dérapant contre un mur) auraient fait l’affaire dans ce genre de blockbuster. Le long-métrage en ressort encore plus artificiel qu’un produit vidéoludique au point de paraître diablement ridicule à chaque seconde de visionnage. Et ce ne sont certainement pas les comédiens qui vont arranger les choses. Même pas Zachary Quinto, venu se perdre dans ce gloubi-boulga de violence gratuite et d’action sans intérêt.
Censé faire oublier les premiers essais cinématographiques du tueur au code barre, Hitman : Agent 47 enfonce encore plus le clou en se présentant au public comme un grand n’importe quoi se voulant spectaculaire et explosif. En faisant cela, le film insulte à son tour le jeu d’origine mais perd définitivement l’occasion de convaincre les spectateurs, à cause d’un aspect guignolesque aussi bien du côté du scénario que de l’action en elle-même. Une véritable perte de temps bien en-dessous de n’importe quelle production Besson…