On peut reprocher beaucoup de choses à ce "Hitman", mais on ne peut pas lui reprocher d'avoir promis la lune. Au contraire, applaudissons plutôt le tour de force de parvenir à décevoir quand même. Il suffit d'avoir vu la bande-annonce pour piger que niveau adaptation et fidélité à l'esprit du matériau d'origine on tient là un neuf ou dix sur l'échelle DBE (ou échelle de Dragon Ball Evolution). Ceux qui en doutaient encore un peu auront définitivement fait leur deuil lors de cette échange savoureux en parfaite contradiction avec l'esprit de la franchise qui ressemble en gros à ça:
"-Il y a tout une garnison qui nous cherche en bas, alors dis-moi, qu'est ce qu'on fait ? -Bah on se rase les murs et on sort d'ici ni vu ni connu, non ? -Bitch please on attaque de front."
Splendide. Mais bon on ne le dira jamais assez, une bonne adaptation ça ne fait pas un bon film, et puis on peut bien violer l'esprit du matériau de base si c'est pour lui faire de beaux enfants. Sauf qu'ici ni l'un ni l'autre: le film foire tout ce qu'il entreprend qu'il s'agisse de nous divertir ou -folle tentative- de nous impliquer dans son scénario, une vraie catastrophe. Déjà c'est moche, les lieux d'affrontement sont épurés à mort donnant dans un cas une impression d'esthétique Apple (le bureau du directeur) dans l'autre un placement de produit gros comme un camion à base d'Audi rouge vif (discret ça, comme voiture, pour un assassin chevronné. La marque est d'ailleurs omniprésente. C'est pourtant pas une production de Luc Besson) sur un fond uniquement en nuances de gris histoire de bien faire ressortir ladite bagnole. D'habitude ce genre de trucs me passent totalement au-dessus de la tête, c'est dire à quel point l'esthétique pub est criarde. Faut dire aussi que les musiques sont celles d'une pub de voiture. Et puis dans une autre catégorie de moche, Seigneur ce que ces images de synthèse sont laides ! Ah c'est sûr que c'est moins cher et moins crevant comme ça mais sérieux, pas une seule qui fasse illusion deux secondes ! Ça n'aide pas les scènes d'action du film à être véritablement fun, surtout conjugué à des incohérences énormes et un ensemble globalement pas étudié du tout. Fun, ces scènes l'ont été juste assez pour me redresser les paupières entre deux longs et chiants monologues explicatifs dont l'intro 100% exposition est d'ailleurs un bon exemple. L'univers est absolument quelconque, les enjeux sont inexistants et le tout est saupoudré d'une morale passe-partout qui ne s'intègre pas du tout. Pour couronner le tout, ce blockbuster de seconde zone sans aucune personnalité pousse le vice jusqu'à piquer l'essentiel de ses one-linners à droite à gauche, on a notamment droit à du "Batman Begins" ("peu importe mon nom, ce sont mes actes qui déterminent qui je suis", à deux-trois mots près) ou encore "Watchmen" ("Je ne suis pas enfermé avec vous, vous êtes enfermés avec moi"), bien essayé messieurs les scénaristes. Le réalisateur se croit même chez Marvel en nous gratifiant d'une scène post-générique ridicule et inutile puisque la fin annonce déjà un deuxième film qui ne verra jamais le jour (pensez à me ressortir cette phrase en 2019 lors de la sortie de "Hitman: Agent 47, le retour de la vengeance"). Il n'y a vraiment rien à sauver dans cette adaptation si fade et sans âme ni talent ou effort que les cinématiques du dernier opus mises bout-à-bout feraient plus que certainement un meilleur film. Enfin pour être tout à fait honnête, sa brièveté (1h25) joue bien en sa faveur, mais ne l'empêche pas pour autant de sembler durer toute une après-midi. Je vous jure que j'essaie toujours de trouver du bon dans le plus mauvais, mais là je sèche.