Je fais partie des gens qui ont Internet (et même depuis 1995, à une époque où on était beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui !) mais qui n’ont pas de compte sur FaceBook. Je sais, c’est rare mais, même si c’est difficile à croire, cela peut exister ! J’étais néanmoins intéressé par l’histoire de cet informaticien, plus jeune milliardaire actuel, qui a su créer un endroit où 500 millions de personnes se donnent rendez-vous quotidiennement.
Le film est intéressant mais parle davantage de l’argent et des jalousies qui suivent la naissance de Facebook que du contenu de Facebook lui-même (pas un mot sur le côté négatif du concept (perte de contrôle sur ses informations privées) et récupération à des fins malhonnêtes des informations publiées), c’est l’axe choisi par David Fincher et je le respecte même si j’aurai préféré une vision plus corrosive du sujet. Je tiens à remercier au passage David Fincher pour le rythme qu’il a su retrouver dans sa réalisation en baissant sensiblement la durée de son métrage par rapport à ses habitudes récentes : 120 minutes seulement pour The Social Network, soit 35 minutes de moins que ses deux précédents films « Zodiac » et « L’étrange Histoire de Benjamin Button ».
On suit avec plaisir l’ascension du créateur du site même si, au début du film, les discussions sur les « final clubs », concept de base de la vie étudiante américaine, ont pu perturber l’européen que je suis. Le casting, en grande partie constituée de jeunes inconnus, est parfait : l’acteur principal, Jesse Eisenberg, est incroyablement bluffant dans son rôle de pisseur de code sans vie sociale et très renfermé sur lui-même, son pote, co-créateur de Facebook, campé par Andrew Garfield, est moins caricatural en informaticien plus ouvert sur l’extérieur, et Justin Timberlake est simplement parfait dans le rôle du créateur de Napster qui vient « s’inscruster » dans ce concept dont il est le premier à avoir senti l’énormité et l’enjeu financier. Dans le casting, les filles ne jouent que les utilités, un développement des personnages féminins n’aurait pas été un luxe, surtout celui d’Erica, à qui on doit en fait la création du concept et qui pourtant est la seule à ne pas revendiquer sa part du gâteau.
En conclusion, un film qui se suit avec plaisir mais qui manque quand même de critique envers Facebook et de recul sur le phénomène lui-même. Peut-être le film arrive-t-il trop tôt et a-t-il le tort d’être passé par la « censure » des gens qu’il dépeint ? C’est le difficile choix entre les biographies autorisées (qui bénéficient des sources des principaux intéressés mais souvent édulcorées) et non autorisées (plus objectives mais plus difficiles à monter car nécessitant une recherche d’informations et une vérification de ces informations auprès de différentes sources)…