En 2010, avec sa huitième réalisation qu’est The Social Network, on peut dire que David Fincher a su mettre tout le monde d’accord. Auréolé par une critique unanime qualifiant le film de chef-d’œuvre culte du cinéma, avouons qu’elle n’a pas tord, The Social Network est très vite devenu, et ce dès sa sortie dans les salles obscures, l’un des films les plus mémorables de son réalisateur et du cinéma tout court. Après une soirée bien arrosée d’octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système de l’Université de Harvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus. Il affiche côte à côte deux photos et demande à l’utilisateur de voter pour la plus canon. Il baptise alors le site Facemash. Le succès est instantané : l’information se diffuse à la vitesse de l’éclair et le site devient viral, détruisant tout le système de Harvard en générant une controverse sur le campus à cause de la misogynie. Mark est accusé d’avoir violé intentionnellement la sécurité, les droits de reproduction et le respect de la vie privée. C’est pourtant à ce moment précis qu’est né ce qui deviendra Facebook. Peu après, Mark crée thefacebook.com, qui se répand comme une trainée de poudre d’un écran à l’autre, d’abord à Harvard, puis s’ouvre aux principales universités des États-Unis, de l’Ivy League à Silicon Valley, avant de gagner le monde entier. Cette invention révolutionnaire engendre des conflits passionnés. Quels ont été les faits exacts, qui peut réellement revendiquer la paternité du réseau social planétaire ? Ce qui s’est imposé comme l’une des idées phares du XXIème siècle va faire exploser l’amitié de ses pionniers et déclencher des affrontements aux enjeux colossaux. On peut dire que l’année cinéma de 2010 fut l’année de tous les succès. Entre la claque cinématographique Inception signée Christopher Nolan, le thriller psychologique dérangeant Shutter Island de Martin Scorsese, la consécration du Discours d’un Roi de Tom Hooper, le grand Fighter de David O. Russell, le triomphe de Toy Story 3 et enfin The Social Network, la nouvelle leçon de cinéma de David Fincher, 2010 fut une grande année cinématographique. Grâce à ses critiques élogieuses, The Social Network fut un grand succès et rapporta plus de 220 millions de dollars dans le monde pour un budget de 40 millions de dollars, en France le film rassembla 1 437 547 spectateurs, le film remporta de nombreuses récompenses dont trois Oscars : Meilleur scénario adapté, Meilleur montage et Meilleure musique, quatre Golden Globes : Meilleur film dramatique, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleure musique, trois BAFTA : Meilleur réalisateur, Meilleur scénario adapté, Meilleur montage et comptons également le César du Meilleur film étranger. The Social Network est donc très vite devenu un phénomène cinématographique qui fera date dans l’Histoire du cinéma. D’abord il faut savoir que le film est adapté, en plus de la vie du fondateur du réseau social le plus célèbre de la planète, de l’essai de Ben Mezrich intitulé La Revanche d’un Solitaire : La véritable histoire du fondateur de Facebook ou The Accidental Billionaires : The Founding of Facebook, a Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal en version originale, publié en 2009. Quand au scénario, il est signé Aaron Sorkin, qui a impressionné tout le monde grâce à sa superbe narration constituée d’habiles flashbacks pour comprendre la genèse de l’invention de Zuckerberg, ainsi que ses dialogues brillants. Il faut dire qu’on est rapidement prit dans le film et dés le début avec la scène d’ouverture avec ce dialogue mémorable entre Jesse Eisenberg et Rooney Mara qui joue la petite amie de Zuckerberg et qui le plaque. Et là le spectateur est embarqué dans cette passionnante histoire qui nous raconte la création d’un des plus grands phénomènes planétaires des années 2000 : Facebook. Le film est parfaitement bien dosé, la bande-originale de Trent Reznor est un une petite merveille, on a l’impression d’être dans un thriller par moment et au final, The Social Network se révèle être une sorte de biopic teinté de thriller juridique. Les acteurs sont tous parfaits, notamment Jesse Eisenberg qui campe un attachant et fascinant Mark Zuckerberg et qui est suivit de très près par les excellents Andrew Garfield et Justin Timberlake, respectivement dans les rôles d’Eduardo Saverin et Sean Parker. Hormis tous ces éléments qui en font un grand film extrêmement intelligent, ce qui propulse The Social Network dans la sphère des films cultes, c’est bien évidemment grâce à son impeccable mise en scène, dirigée d’une main de maître par David Fincher. Une fois de plus a des années lumière de sa réalisation punk et sombre de Seven, Fight Club ou encore Panic Room, David Fincher est entré depuis son film Zodiac dans un style plus classique, très perfectionniste aussi, et nous retrouvons ce style dans The Social Network. Toujours accompagné d’une lumière chaude teinté d’un jaune pâle magnifique, le réalisateur nous livre une belle leçon de cinéma comme je le disais en début de critique. Avec des plans fixes sur de longues scènes de dialogues, des scènes parfois très détaillées, des mouvements de caméra simple et fluide ou des séquences juste brillantes et virtuoses qui se font de plus en plus rares chez le réalisateur depuis Zodiac, comme cette inoubliable course d’aviron sous le son de Dans l’antre du Roi de la Montagne d’Edvard Grieg remixée par Trent Reznor, une scène purement fincheriènne. Tout a été dit sur la réalisation de David Fincher, un pur génie, mais celle de The Social Network, par son intelligence et sa simplicité, permet au cinéaste de se dresser parmi les meilleurs de tous les temps. Nous avons ici tout l’art d’un metteur en scène condensé en 1h50 de film, et je trouve d’ailleurs que la scène dans la boîte de nuit avec le dialogue entre Eisenberg et Timberlake est particulièrement brillante avec la musique, le son, les lumières,…bref tout. C’est vrai qu’on pouvait se demander ce que David Fincher allait faire d’un film sur Facebook, lui qui est habitué aux thrillers de serial killers comme Seven ou Zodiac, aux films d’angoisse comme Panic Room ou encore à des films plus psychologiques comme Fight Club. Et bien finalement le metteur en scène a prouvé qu’il pouvait réaliser un grand film sur un des phénomènes sociaux majeurs du XXIème siècle qu'est l’avènement du plus grand réseau social de tous les temps. The Social Network se classe ainsi parmi les meilleurs films du réalisateur,qui est l’un de mes préférés avec Seven, Fight Club et Zodiac. Du grand cinéma : simple, intelligent et captivant.