Berserker est un film problématique, dans le sens où il appartient à ces métrages qui se vautre en cassant un bon point de départ.
Le casting n’est sur le papier pas des plus attrayants, et à l’écran on ne peut pas dire que le résultat soit mieux. Paul Johansson est un héros tout de même bien fadasse, qui ne parvient à convaincre que de manière intermittente et qui, malgré son nom aux connotations nordiques, n’a pas la carrure pour jouer un viking surpuissant. En face Craig Sheffer est un bonhomme un peu meilleur, mais il surjoue beaucoup, et même si ca passe souvent mieux que le transparent Johansson, il faut reconnaitre qu’il ressemble grossièrement à un gros bourrin décérébré que son nom (Boar !) n’arrange pas. Kari Wuhrer pour sa part manque d’intensité, ayant pourtant un personnage de walkyrie qui se prêtait à un jeu tendu, piquant, venimeux pourrait-on dire. Elle use à peine de ses charmes ! Quant à Patrick Bergin il est tellement sous utilisé que je n’en parle même pas.
Le scénario est problématique. En fait le film commence bien, jusqu’à 30 minutes environ. On est en pleine époque viking, l’épopée semble prometteuse, il y a de l’action, de la violence, bref, malgré un petit budget la jaquette semble assez juste. Mais passé 30 minutes, pouf, nous voilà de nos jours. Là c’est la déche, avec des clichés qui s’accumulent (des espèces de pseudo-scientifiques, une histoire d’immortels à deux balles, une redondance des événements qui conduit vite à l’ennui) et au bout du compte ce Berserker sombre dans tout ce qu’est un téléfilm de base sans moyen. La belle épopée prometteuse vire à la banalité la plus totale, et ce n’est pas la fin, des plus convenues, qui va restaurer l’épique dans ce film.
Coté réalisation, là encore la bonne partie se résume essentiellement à la première demi-heure. Mise en scène sympathique (il y a une bataille pas si mal filmée et le réalisateur arrive bien à faire l’illusion d’un grand nombre de combattants par des plans intelligents), décors corrects (la reconstitution est propres malgré quelques costumes qui font tocs), et les éclairages jouant sur les contrastes feux et obscurité donnent une atmosphère aux limites du fantastique qui fonctionne bien. Tout cela se délite ensuite. La mise en scène tombe dans le conventionnel n’ayant il faut l’avouer plus grand-chose à faire puisque le film est essentiellement une ballade sanglante dans la ville. La photographie ne se mouille plus avec une terrible ambiance grisâtre (la nuit tout les chats sont gris !) d’un bien mauvais effet, et les décors sont forcément beaucoup plus banals et passe-partout. Quelques flash-backs tentent de retrouver l’atmosphère du début, mais il faut avouer qu’il y a des effets de style culottés qui ne sont pas d’un gout très judicieux. Alors Berserker n’est pas un film à effets spéciaux, aussi vous ne verrez que des figures auréolées de blancs et deux têtes coupées coté effets sanglants, lesquels sont d’ailleurs efficace mais surprenant au milieu d’un film relativement timoré. La bande son est faiblarde, pour le coup il aurait vraiment fallu lâcher les chevaux coté épique et transportant pour contrebalancer une épopée viking urbaine des plus fadasses.
En clair Berserker n’est pas un complet ratage, mais est d’autant plus douloureux que le début me faisait saliver. Je n’attendais pas un grand film, mais sur un thème rare, sur un prologue qui pouvait laisser de belles espérances, et avec un aspect visuel pas déplorable pour une petite production, je me disais que j’allais pouvoir rendre un verdict plus que positif. Malheureusement la dernière heure est d’un niveau très faible, et l’équilibre tend à faire de cette partie la pierre angulaire du film, la première demi-heure s’avérant être une partie d’exposition sans grand enjeu finalement. Cela me fait descendre jusqu’à 1.5.