Q divise largement la critique, entre les très pour et les très contre, comme beaucoup de films de son genre, qui ne suivent pas un paisible chemin.
Bon, c’est vrai, il a des défauts. L’interprétation n’est pas géniale tout d’abord. Elle repose surtout sur ses actrices. Ces-dernières sont investies, ont sent qu’elles essayent de faire de leur mieux, mais bon, elles ne sont pas géniales. Elles manquent peut-être d’une réelle expérience d’actrice, et là elles paraissent un peu dépassées par des rôles complexes, qui demandent une très sérieuse maitrise, notamment dans le rendu des émotions. Pour le reste elles ne manquent pas de charme, mais ce n’est pas totalement suffisant ici. Coté acteur, c’est correct, mais ces-derniers ont des personnages moins intéressants. Il est clair aussi que s’ils donnent l’impression de mieux s’en tirer, c’est qu’ils ont clairement un travail bien moins difficile à abattre, en tant qu’acteurs.
Le scénario n’est pas vraiment abouti, mais honnêtement, dans le genre il y a pire (confère 9 songs). Q essaye un peu de se remuer, et d’utiliser l’érotisme pour proposer quelque chose. Clairement le souci de Bouhnik, c’est d’avoir été trop ambitieux, trop gourmand, et du coup il s’emmêle un peu les pinceaux, l’histoire semble piétiner parfois, le rythme est assez lent et haché. Q brasse des thématiques intéressantes, mais il manque un cinéaste musclé derrière la caméra, un Kubrick, un Verhoeven par exemple, pour donner de la consistance à l’ensemble. En fait le métrage est trop fade, avançant en ronronnant, et restant dans une certaine superficialité.
Visuellement, le film s’en tire pas mal. Bouhnik offre une mise en scène discutable, avec des effets de style pas très performants (le cadrage sur les entrejambes des jeunes filles au début avec la voix off, c’est digne de Tinto Brass, sauf que le film n’a pas du tout les mêmes ambitions !), et une certaine passivité. La caméra ne bouge pas très aisément, les scènes érotiques ne sont pas filmées avec beaucoup de recherches. Quelquefois le style « amateur » volontaire du métrage fonctionne, ca rattrape un peu l’affaire. La photographie en revanche est intéressante. Elle a un coté épuré, sobre, et est très seyante au film, à son atmosphère et à ses décors. Ces-derniers sont un bon point, car ils confèrent généralement une réelle ambiance au film. Dommage que Bouhnik ne soit pas allé encore plus loin de ce point de vue, car il y a de belles séquences. Alors j’ai lu pas mal de chose évidemment sur l’érotisme de ce film. Certains parlent de porno, honnêtement, je conseille à ces gens de s’initier un peu plus à ce genre. Non, Q est un film érotique soft (par rapport à un Tinto Brass que je citai plus haut notamment, Q c’est un épisode de Derrick !). Non seulement on ne voit pas grand-chose, mais en plus c’est toujours très basique. D’ailleurs j’ai parfois eu le sentiment que le réalisateur était un peu encombré par ses scènes érotiques, les coupant souvent aux moments inopportuns. Enfin, coté bande son, quelle tristesse ! Presque rien pendant tout le film, et qu’entends-je à la fin ? Un superbe morceau d’un groupe bien connu, qui non seulement sied à merveille à la conclusion finale, mais aurait-pu baigner le film d’un sentiment mélancolique, et un peu triste absolument génial ! Là il y a eu un ratage.
En clair, Q est un petit film pas désagréable, mais à souffert visiblement d’une équipe un peu brinquebalante. Acteurs trop justes, réalisateur pas au top, ils raccrochent parfois les wagons, et d’autres fois c’est peu satisfaisant. En tout cas c’est un métrage regardable, qui ne mérite probablement pas un enthousiasme démesuré ni un lynchage en règle, et en tenant compte de son petit budget, je lui mets la moyenne.