Je ne fais jamais de commentaire sur les films, mais les réactions excessives de certains internautes sont à vomir, à croire que ce film en révèle plus sur ceux qui le regardent, que son contenu. Contrairement à ce qui a été dit, le personnage de Cécile est une femme libre de sa sexualité. Et ce n’est pas parce qu’elle perd son père qu’elle se lance dans une sexualité débridée, mais au contraire, elle se met à s’intéresser aux autres, de manière plus concernée, jusqu’à ne plus faire attention à elle. Sa relation avec Chance, l’ami avec qui elle couche de manière régulière, est sans entrave, car ils peuvent vivre chacun de leur côté des relations sexuelles. Mais c’est en société que le personnage de Cécile se cache derrière une image de fille sans souci, refusant le décès de son père. Ce que je comprends du film, c’est qu’il est plus facile de mentir, de se mentir, lorsqu’on est en société, alors que le sexe, le plaisir est aussi simple que le désir. Le personnage d’Hélène, l’élève sage, est le pendant au personnage de Cécile. Elle doit trouver sa liberté en comprenant sa soumission à la société qui l’enferme, soumission à ses parents d’abord, puis soumission aux idées reçues. Elle devra passer par une troisième soumission, la soumission à Cécile, pour reprendre sa liberté de sexe et de cœur. En bref, le réalisateur semble nous dire qu’il est plus facile de prendre du plaisir à travers le sexe que d’assumer des sentiments qui nous mènent on ne sait où. D’ailleurs la dernière phrase de Cécile est assez révélatrice. Notre futur sentimental, et notre avenir tout court, ne seront jamais faciles à vivre. Ce film est aussi un film sur le pouvoir. Ce qui semble être totalement passé à côté de ceux qui l’ont vu. Le pouvoir des adultes sur une jeunesse à qui on refuse une place, une écoute, un travail. Une jeunesse libre de sa sexualité qui en apprend plus à ces adultes voulant les emprisonner ou se servir d’eux, qu’à les aider à grandir et à les protéger. Plus je regarde ce film, plus j’y découvre des choses qui me touchent et me questionnent. C’est un film d’une grande sensibilité et d’une complexité étonnante, qui montre enfin l’existence plus proche de ce que l’on vit qu’une caricature simpliste. Il y a des scènes d’une violence et d’une beauté inouïe, mais qui peuvent effectivement mettre mal à l’aise. Mais c’est un film qui fait réfléchir. Et c’est peut être son plus grand défaut. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, la réflexion est devenue quelque chose de mal vu, de rédhibitoire pour la plupart des spectateurs. Oui, je pense que ce film s’adresse à notre intelligence. J’ai 23 ans, je poursuis des études tout en travaillant vraiment dur pour vivre. Et je suis concernée par ce que montre ce film, la difficulté à trouver un travail convenable, sans que l’on ne soit exploitée, exploitée financièrement, ou bien harcelée au travail, qui est une forme d’exploitation de notre condition féminine. Seul bémol à ce film, c’est la réponse que donne le réalisateur par rapport à la dure réalité de notre société : voler ce qu’on nous refuse n’est pas une fin en soi. C’est une réponse un peu trop pessimiste à mon goût, car je crois que nous pouvons changer cette société pour la rendre plus juste et plus humaine. Mais dire que ce film est pornographique, pour les quelques scènes de sexe, il n’y a aucune réponse à donner à cela tellement cela est ridicule et loin d’être le cas, sinon que ce film en dit énormément sur ceux qui le voient. Et ne serait ce que pour cela, révéler ce qu’est le spectateur, au plus profond de lui-même, Q est un film très instructif et passionnant à découvrir!