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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 31 décembre 2022
Quand il entame le tournage des « Amants traqués » de Norman Foster, Burt Lancaster déjà âgé de 35 ans n’est acteur pour le cinéma que depuis deux ans avec sept films à son actif dont le célèbre « Les tueurs » de Robert Siodmak (1946) qui l’a fait passer, chose excessivement rare, directement au statut de star. Il est alors avec Kirk Douglas l’acteur dont on parle. Très rapidement, Burt Lancaster au caractère très affirmé, exprime des envies d’indépendance artistique. Il est encouragé dans cette démarche par son agent Harold Hecht et par sa seconde épouse Norma Marie Anderson. Ils décident en commun de fonder Norma Production. « Les amants traqués » est adapté d’un roman de l’écrivain anglais Gerald Butler spécialisé dans le roman noir. Les droits dudit roman avaient été très rapidement acquis par Eagle-Lion Productions mais le projet prévu avec Robert Donat dans le rôle principal restant en rade, ceux-ci finissent par tomber pour le plus grand bonheur de Norma Production qui s’en saisit. Initialement Lancaster souhaitait retravailler avec Robert Siodmak qui était malheureusement déjà engagé pour tourner « La Proie » avec Victor Mature. C’est donc le faiseur Norman Foster s’étant illustré dans les séries « Moto » et « Charlie Chan » qui est engagé. Lancaster très investi sur ce premier film produit par ses soins, veillera à ce que Norman Foster inscrive scrupuleusement ses pas dans ceux du Robert Siodmak expressionniste des « Tueurs ». Joan Fontaine oscarisée en 1942 pour « Soupçons » d’Alfred Hitchcock mais surtout connue pour sa prestation de femme fragile et manipulée dans « Rebecca » du même Hitchcock est choisie pour accompagner Lancaster en tête d’affiche, se joignant même à la production du film. Robert Newton sera la caution anglaise du film se déroulant à Londres dans le rôle d’un horrible maître-chanteur. Le scénario est écrit conjointement par Leonardo Bercovici, Walter Bernstein et Ben Maddow qui pour la triste anecdote seront tous les trois placés peu de temps après sur la liste noire édictée par la Commission des Activités Anti-Américaines (HUAC) du sénateur Joseph McCarthy. Burt Lancaster voulant un film choc amène les trois scénaristes à ne faire aucune concession quant à l’expression de la violence et du nihilisme qui habitent le personnage. Ainsi plusieurs scènes devront être remaniées. Dans le Londres de l’immédiat Après-guerre, Bill Saunders ancien militaire traumatisé dont rien d’autre de son passé ne sera révélé fait le coup de poing dans un pub londonien. spoiler: Par malchance le patron du bar fait une chute mortelle. Prenant la fuite dans les rues sombres magnifiquement filmées par Russell Metty, celui qui n’était qu’un vagabond devient un meurtrier recherché dans une ville qu’il ne connaît pas. Il s’introduit dans la chambre d’une jeune femme (Joan Fontaine) qui le recueille sans trop poser de questions une fois le premier effroi passé. Entre celle qui a perdu son fiancé à la guerre et celui qui n’a pas ou plus d’attache, une idylle semble se dessiner dans la clandestinité malgré les différences évidentes d’éducation et de tempéraments. L’intrigue s’articule autour de cet amour improbable car semblant d’avance condamné et qui ne tient sans doute que parce qu’aucun des deux protagonistes n’attend plus rien de la vie. S’ajoutespoiler: un maître-chanteur interprété par un très visqueux Robert Newton dont la participation a fortement été rehaussée par rapport au roman de Gerald Butler pour détourner quelque peu le dégoût que pourrait ressentir le spectateur face à la sauvagerie affichée par Burt Lancaster dont l’image devait malgré tout être préservée. Le film qui n’est pas soutenu par des seconds rôles marquants hormis Robert Newton doit beaucoup à l’alchimie qui unit les deux comédiens avec une Joan Fontaine comme toujours parfaite, mélange subtil entre fragilité et détermination sans faille. Burt Lancaster à qui Norman Foster a dû par la force des choses laisser la bride sur le cou, est quelques fois dans l’excès sans doute trop fragilisé par sa position de producteur néophyte, attendu au tournant par toute la confrérie hollywoodienne. Un bon film noir a qui fait toutefois défaut une dose de suspense et une pincée de soufre comme le réclame le genre.
Une mise en scène au cordeau, garante des fondamentaux du film noir, approuvée par le duo Burt Lancaster- Joan Fontaine et l’écriture du romancier Gerald Butler ( moults scénaristes et adapteurs sur la copie … ) , il n’y a quasiment rien de plus à dire sur ce film . Il tire parfois sur les grosses ficelles et donne à Lancaster le champ libre à une interprétation intense, voire mélodramatique. Mais au final, sur une échelle plutôt courte ( 80 mn ) on ne lâche pas un instant ce duo qui formera au final un couple envers et contre tous, si le destin veut bien leur tendre la main. C’est la conclusion de cette histoire qui nous prévient que rien n’est jamais gagné quand le mal vous guette et vous taraude. AVIS BONUS Le point de vue sur le film à travers la carrière de Burt Lancaster Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Film noir à l'atmosphère brumeuse et angoissante, typique du genre, où l'on suit le beau Burt Lancaster au top dans ce rôle, et la fragile Joan Fontaine dans cette traque captivante ; les seconds rôles sont très bons aussi. Impeccables images en noir et blanc et excellente mise en scène.
Ce petit film de 1 heure 20 est un authentique chef d'oeuvre du film noir d'abord et du cinéma ensuite.La mise en scène est parfaitement maitrisée,Burt Lancaster est bouleversant tant il semble vulnérable et enfant perdu,quant à Joan Fontaine ,sa fragilité ,son charme et sa jeune beauté ne peuvent s'oublier.Malgré un scénario assez classique basé sur l'engrenage de la délinquance,le film garde une étonnante originalité due à un rytme très soutenu qui ne laisse aucune place à la contemplation.Certaines scènes sont touchantes (lorsque Joan Fontaine change de chapeau pour améliorer son apparence ou lorsque elle vient prendre la main de son ami au sommet d'une colline) mais l'essentiel reste le climat froid et particulièrement dur qui se dégage de l'ensemble.Un tel film est impossible à terminer et Nicholas Foster s'en sort avec les honneurs.Toute autre conclusion aurait risqué de gacher l'ensemble.