Une étoile, c'est un peu sévère à l'égard d'un film qui présente autant de qualités évidentes. Car oui, à faire une liste des bons et mauvais points, je me rend compte que les bons points sont nombreux et les mauvais bien rares. Parmi les qualités je note avant toute chose la remarquable qualité visuelle de l'ensemble qui est aussi riche de sens qu'irréprochable dans l'exécution technique et dans le goût apporté aux graphismes. Au niveau des personnages, ils ont aussi chacun une identité propre, qui est aussi bien dû à leur rendu visuel certes, qu'à leur écriture et leur doublage. Niveau son d'ailleurs, je tire mon chapeau à Etienne Péruchon pour ses musiques et surtout ses chansons : c'est bien la première fois où je ne me crispe pas face à la découverte d'un passage chanté. Au contraire même, certaines chansons, notamment la première, savent apporter un véritable plus au niveau de l'ambiance générale. Bref, pour moi, il n'y a pas à dire, Patrice Lecomte mène sa barque proprement et avec beaucoup de savoir faire. Seulement voilà, tous ces bons points, aussi nombreux soient-ils, ne font pour moi pas le poids face au seul gros point noir du film : il s'agit de son propos. Quand un film s'appelle "le magasin des suicides" et que le slogan qui l’accompagne est « vous avez raté votre vie, réussissez votre mort », on rentre clairement dans le monde de l'audace. Or, ici, d'audace, il n'y en a peu. Certes le propos est cynique, mais il fait très vite le tour de son registre et se répète très vite faute de trouver mieux ou de creuser plus loin. J'ai eu beau apprécier cette atmosphère, pas une seul instant je ne me suis investi dans l'intrigue ou pris d'empathie pour les personnages. La démarche était donc osée, mais malheureusement, elle est restée désespérément désincarnée et déshumanisée. Comme quoi, ceux qui pensaient que pour moi la forme faisait tout, ce "magasin des suicides" prouve le contraire...