Le film est déconseillé au très jeune public et sans vouloir jouer les rabat-joie, je comprends un peu pourquoi. Ce qui est drôle pour les adultes, à savoir l’inversion totale des valeurs, et le cynisme absolu de certains dialogues, sont sans doute un peu déconcertants pour un enfant qui peut ne pas comprendre ce qu’il y a des drôle et de décalé dans cette avalanche de suicides. C’est un dessin animé très politiquement incorrect surement inexplorable outre atlantique ! Cela donne des situations cocasses et des répliques qui font mouche. Une partie de l’intérêt du film se situe dans les détails mais il faut être attentifs : les affiches de la ville, les graffitis, les noms de rues ou de magasins jouent aussi le jeu du cynisme et de l’inversion des valeurs. Le propos du film est donc audacieux et fera peut-être grincer quelques dents mais l’humour noir et morbide à son public et je ne suis pas la dernière à y trouver de l’intérêt ! Maintenant, on peu juger la fin un peu décevante, on peut penser que le scénario aurait aller un peu plus loin dans le grinçant, on peut toujours faire la fine bouche. Mais « Le magasin des suicides » est bien dans l’air du temps de l’animation française qui a commencé à pointer le bout de son nez il y a quelques années avec « Les triplettes de Belleville », moins pour les enfants que pour leurs parents ! Le graphisme, puisqu’il s’agit d’un film d’animation on doit bien en parler, il est là aussi très symptomatique du genre français, couleurs sépia, traits durs et angles droits, on n’est pas chez Disney, ni chez Pixar ! Même si ce n’est pas ce que je préfère, çà donne un côté un peu cheap finalement assez agréable et charmant, presque désuet. Là où je vais être obligée de mettre un gros, un énorme bémol à ma critique jusque là assez positive, c’est que çà chante ! Et çà chante souvent, et même si les chansons sont bien écrites, pour tout dire, çà chante trop ! Et moi, je suis assez allergique aux chansons dans les films, je fuie les comédies musicales avec une constance certaine. Alors, dés que çà se met à chanter, je laisse échapper un soupir d’exaspération, c’est plus fort que moi…