A la manière de Truffaut dans "La nuit américaine", Olivier Assayas décrit l'effervescence autour de la réalisation d'un film. A la magie supposée de l'oeuvre finie qui se projettera sur les écrans, il oppose avec ironie le prosaisme, pour le moins, de sa création. Difficultés techniques, soucis financiers et psychodrames relationnels alimentent la réalisation chaotique et parfois douloureuse du film. Reste que Truffaut avait su, lui, nous amuser et nous intéresser par la lègereté, la simplicité de sa mise en scène. Assayas, avec ses affectations, ses gros plans et ses mouvements brusques de caméra, réalise une oeuvre touffue aux intentions quelques fois obscures. Surtout, le personnage d'Irma Vep (anagramme de vampire), héroine du remake d'un film muet de Louis Feuillade, introduit une dimension étrange autant par sa gracieuse et insolite silouhette que par sa signification incertaine. Dans ce film, où Assayas glisse des allusions et des questions sur le cinéma français, Irma Vep semble incarner la muse du cinéma, séduisant, ou non, ceux qui l'approchent. Quoiqu'il en soit, hormis le charme des interprètes féminines ( Maggie Cheung, Nathalie Richard), le film n'est pas intéressant parce qu'il ne nous attache pas à ces figures pourtant si particulières qui créent le cinéma.