Roth est ce que l’on peut appeler un laborieux du cinéma bis, un de ces noms qui annoncent une catastrophe délectable à l’amateur de pépites ridicules. APEX n’est cependant pas une catastrophe.
L’un des soucis, et pas des moindres, c’est une histoire assez bidon. Copiant il est vrai sur les références de la SF, entre Planète hurlante, Terminator et tout bon post-nuke qui se respecte, APEX souffre d’un départ très brouillon, et peu enthousiasmant. C’est un peu gloubi-boulgesque cette histoire de voyage dans le temps qui mélange romance, histoire de virus, robots tueurs et diverses autres sous-intrigues à l’intérêt parfois discutable. En dépit d’un intrigue qui ne va pas vraiment aller en s’améliorant, tout en devenant cependant beaucoup plus simple (simpliste ?), APEX gagne en rythme, et on peut s’étonner de passer un moment presque sympathique devant ce métrage roublard, aux dialogues volontiers badass, à l’action omniprésente (bien qu’artisanale), et à quelques pointes nanardes sans doute involontaires mais d’un effet plaisant.
On peut donc tenir jusqu’au bout des 1 heure 30 de ce film de SF, qui s’appuie sur un casting peu relevé sur le papier, mais pas déplaisant dans les faits. Si Richard Keats est très moyen dans la peau du héros, se faisant largement piqué la vedette par les seconds rôles, ces fameux seconds rôles sont cocasses. Il ne faut surtout pas chercher un jeu d’acteur tonitruant, mais les personnages sont amusants, et les acteurs sont très investis, parfois jusqu’à la caricature (le black), ce qui offre finalement des moments savoureux. Par ailleurs Lisa Ann Russell surnage quand même, avec un rôle féminin que j’ai trouvé assez dégrossi, et auquel elle apporte une conviction certaine et un charme étrange, alors même qu’elle n’est pas vraiment mise à son avantage.
Quant à la forme, APEX souffre d’un budget éminemment réduit. Costumes de pacotille, scènes d’action plus bruyantes que spectaculaires, usine désaffectée pour décors, robot-casserole en guise d’ennemis, APEX c’est de la SF débrouille, mais qui surprend par un résultat finalement pas calamiteux. J’ai trouvé la photographie plutôt réussie, la mise en scène pas déplaisante, et si l’on met de côté la dimension cheap de ce métrage qui accuse aussi peut-être son âge, on peut savourer un film qui n’a pas à rougir face à plein de produits similaires actuels avec des images de synthèse bien plus moches et un manque de volontarisme bien plus marqué.
Je conclurai en disant que ce APEX n’est pas un mauvais film. Cela ne signifie pas qu’il est bon, notamment car l’écriture peine vraiment à suivre et pompe trop ouvertement sur des classiques antérieurs, mais c’est un film maladroit et pas terrible qui ne se moque pas du spectateur. Il y a une certaine générosité et envie de bien faire niveau divertissement. 2