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Arthur Debussy
160 abonnés
693 critiques
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2,5
Publiée le 20 mai 2012
«Gabbeh» est un très beau film, sorte de conte persan vivant qui rappelle d'ailleurs un certain Paradjanov, ne serait-ce que par le goût prononcé de Mohsen Makhmalbaf pour les couleurs éclatantes et son travail sur la profondeur de champ. C'est pour le cinéaste iranien l'occasion d'explorer les possibilités représentatives du cinématographe : par le biais d'une narration disloquée et d'une esthétisation à l'extrême, il met en images un amour impossible, grevé par le poids des traditions, dont il retranscrit l'ardeur et la sensualité par des moyens moins triviaux que le contact de deux corps. Il use ainsi d'une multitude de symboles, sans parler des perspectives brisées et autre effets de style qui ancrent le long métrage dans un imaginaire chatoyant et débridé. «Gabbeh» est en effet une fable presque enfantine mais pourtant d'une grande recherche esthétique : tout est pesé, chaque geste, chaque regard, chaque note de musique, chaque bruit,... C'est d'ailleurs ce qui atténue un petit peu sa portée : le rythme est bancal et hésitant, et le film peine à trouver sa propre respiration, comme s'il était lié à la présence un peu trop apparente du cinéaste. On est bien loin du néoréalisme d'Abbas Kiarostami : les effets de style sont légion, mais tout comme les symboles ils sont parfois un peu trop appuyés. «Gabbeh» a donc les défauts de ses qualités : si Mohsen Makhmalbaf nous offre de magnifiques prises de vue, l'importance donnée à l'image se fait quelque peu ressentir aux dépens de sa cohérence. Néanmoins ces défauts sont bien relatifs, et ne ternissent pas l'éclat de cette histoire d'amour atemporelle illustrée avec talent et audace. Une autre façon de concevoir le cinéma iranien donc, qui mérite assurément le coup d'oeil! [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/