Génial! Du grand, du très grand Fellini, qui retrouve l'espace de 2h30 une inspiration débridée digne de son «Satyricon»! Après la période néo-réaliste des débuts puis celle des chef-d'oeuvres absolus, vient cette 3ème période des longs métrages démesurés, bouillonnants de créativité. Certes ces derniers comportent quelques défauts et ont un peu plus vieilli que les opus précédents, mais force est de constater qu'ils ne sont pas en reste pour ce qui est de leur pertinence et surtout de leurs admirables qualités! Le «Casanova» de Fellini est donc volontairement outrancier, excessif, factice, mais surtout débordant d'énergie et de joie. Comme toujours chez Fellini, cette gaieté est contrebalancée par un désenchantement, une touchante mélancolie, et même un sombre désespoir. Profondément contrasté, tout comme son héros éponyme, trivial mais qui ne rêve que de finesse et de hauteur d'âme, «Casanova» marque avant tout par sa décadence, par son esthétique déliquescente, par ses personnages grotesques et dépravés. La vie de Casanova est pour un temps heureuse, et le Dom Juan italien, fier, court de conquête en conquête sans se pencher le moins du monde sur ses actes. Mais lorsque la vieillesse peu à peu le gagne, il perd de sa superbe et plus encore de sa bravoure, déjà toute relative. On pourrait discourir des heures durant sur la profondeur de ce long métrage, sur ce qu'il nous renvoie par le biais de ses personnages ou de ses dialogues, miroirs tendus au genre humain. On pourrait aussi évoquer la mise en scène unique et géniale du cinéaste, ce talent cinématographique sans pareil, ces décors magnifiques et surprenants, ou encore l'interprétation de Donald Sutherland, parfait dans son costume de séducteur décrépi... Je m'attarderai juste sur ces moments de poésir pure, où avec trois fois rien, de la fumée et des bâches en plastique, Fellini nous emmène avec lui dans ses rêves les plus fous, cette onirisme délirant qui lui sied si bien... Bravissimo caro Maestro! [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/