Anita est un film qui a éveillé ma curiosité, mais il faut bien reconnaitre que ce film suédois visiblement peu connu, n’est pas une grande réussite.
D’abord, les acteurs ne sont pas vraiment mémorables. Christina Lindberg se dénude certes, et elle a un petit coté introverti (paradoxalement) qui sied bien à son personnage au comportement ambigu et difficile à cerner. C’est en tout les cas l’impression qu’elle donne. Toutefois son jeu reste ici pour le moins limité, et elle n’est même parfois pas très convaincante. En face Skarsgaard déçoit, livrant pour sa part une prestation timide, doté il est vrai d’un personnage sans grande saveur. En fait je n’ai pu m’empêcher de comparer ce film à Turkish Delice de Verhoeven (il y a des points communs), et clairement le duo du film de Verhoeven est clairement plus attrayant que celui de ce film, qui n’est pas vraiment rattrapé coté casting par ses seconds rôles. Ces-derniers ne font guère plus d’étincelles.
Le scénario a quelques qualités. Le film dégage une saveur douce-amère agréable, il y a une certaine profondeur, avec une vision sur la sexualité qui a quelques mérites dans son approche. Maintenant, le film est lent, il faut le dire, avec une lassitude qui finit par s’installer assez vite, et il donne l’impression d’être trop timide. C’est un métrage pépère, qui a tout les niveaux restent trop neutre sur un sujet qui pourtant se prêter justement à mouiller un peu le maillot pour offrir un résultat puissant, tout ce que précisément Turkish Delice parvenait à atteindre. Skarsgard joue un étudiant en psychologie dans ce film, et bien vous aurez l’impression d’assister à une psychanalyse, plutôt qu’à l’expression d’une sensualité franche, de la chair vibrante, des émotions brutes comme on pouvait légitimement l’attendre.
Visuellement Anita a sacrément vieilli. Il en est même terriblement déprimant ! La photographie se présente désormais comme un ensemble de couleurs délavées, mais il faut avouer que le film s’y prêter, avec des choix d’éclairages, de lumières et de couleurs fort peu tranchés, qui lui donne une allure quelconque. Les décors alternent entre un style dépouillé et morne, avec des murs vides, des intérieurs pauvres, des architectures déprimantes, et un style plus coloré à l’occasion de quelques spectacles par exemple. C’est surement voulu, et cela vient aussi du décalage des époques, mais honnêtement cela n’arrange rien au problème de rythme et à la fadeur de l’histoire, rendant encore plus apathique le spectateur. Mais enfin, c’est un choix que je respecte. Coté érotisme, il n’y a presque rien, et en tout état de cause le réalisateur n’est pas habile. Clairement la mise en scène molle et essentiellement fixe du réalisateur est un ratage, et cela est d’autant plus terrible dans les passages érotiques. A noter qu’il n’y a quasiment rien de sexuel, juste des plans de femmes dénudées en règle générale. Reste heureusement une belle musique, qui apparait surtout dans la seconde partie du film, et qui donne un peu d’ampleur à ce film qui donne l’impression d’être recroquevillé sur lui-même.
En effet Anita est un film loin d’être à la hauteur de sa jaquette. Ce film a mal vieilli, c’est clair, mais il n’y a pas que cela. Il apparait beaucoup trop superficiel, et donnant une furieuse impression de timidité. Des acteurs moyennement convaincu, un réalisateur qui fait le strict minimum, une histoire qui manque singulièrement de souffle et de sensualité (ou alors même de cruauté ou d’humour), une esthétique triste qui peine à franchement réveiller le spectateur, un érotisme quasiment banni, il lui reste de vraiment positif que sa musique. Je lui donne 1.5, car tout n’est pas à jeter, ayant aussi de bonnes idées, une Lindberg assez charmante, et cette esthétique bien que finalement contre-productive n’était à la base pas si mal réussie dans son genre.