Magnifique. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi beau, surtout avec pour thème les arts martiaux qui sont souvent traités de façon décevante au cinéma (d'où mes premiers a priori qui ont été bien vite dissipés). Le film est beau visuellement, mais aussi philosophiquement pour ce qui est du code de l'honneur, de la sagesse, de la maîtrise de soi et du respect d'autrui qui font de ces sports des modèles d'exemplarité. S'il y avait un seul reproche à faire à ce film, c'est qu'il met en avant la Chine et le Wing Chun tout en dénigrant le Japon. Ce propos est justifiable mais beaucoup trop appuyé et toute cette ambiance pro-chinois m'a quelque peu gêné. Mais c'est excusable dans la mesure où, à part cette petite réserve, le film frôle la perfection, qu'on aime les arts martiaux ou non. J'ai été particulièrement bluffé par la qualité des combats. Chaque confrontation est savoureuse à regarder, tant sur la réalisation technique que sur la réalisation cinématographique. La précision des mouvements, des blocages, des techniques rendent les combats parfaitement réalistes (on n'a jamais cette mauvaise impression de chorégraphie qui accompagne certains films du genre), d'autant que les acteurs ont une puissance et une rapidité d'exécution ahurissantes. Donnie Yen en tête, bien évidemment, dégage une force tranquille qui m'a saisi pendant l'intégralité du film, parvenant avec son regard et son calme à transmettre toutes les valeurs d'Ip Man, infiniment respectable. Toujours dans les combats, la qualité de la caméra est indiscutable. Le choix des plans permet de visualiser les combats à la fois dans leur ensemble et dans leur intimité, offrant même de temps à autres d'implicites impressions sur les ressentis des protagonistes. J'ai savouré certains plans qui donnent l'impression de se trouver au coeur du combat, notamment la scène qui précède le combat d'Ip Man contre 10 karatékas, absolument sublime grâce à la tension créée et à l'imposance de Donnie Yen. Cette scène est emprunte d'une atmosphère "dojo" magnifique, sublimée par une lumière et des ombres finement travaillées. Même si le scénario est parfois prévisible et qu'il y a un air de déjà vu, je n'ai pas eu cette impression de déjà-vu sur les combats eux-mêmes. Mais ce film ne consiste pas seulement en des combats. C'est d'ailleurs ici qu'il se démarque d'autres films d'arts martiaux comme (par exemple) Ong Bak qui propose des confrontations inventives mais s'avère vide dans son propos. Ici, avec Ip Man, il n'y a pas cette impression de vide et d'ennui entre les batailles tout simplement parce que le film n'a pas été fait avec un objectif démonstratif mais avec un vrai fond dramatique. Le contexte de la guerre et de l'occupation japonaise permet de donner au film un but, de nous emporter au coeur de Foshan et de nous intéresser à la petite famille d'Ip Man ainsi qu'à ses choix (Ip Man n'est d'ailleurs pas le seule personnage intéressant, chacun des personnages secondaires est travaillé, la femme d'Ip Man donne notamment lieu à une scène poignante vers la fin, dans la voiture). Plusieurs scènes donnent au film une dimension étonnamment dramatique et poétique qui m'a ébloui. La transition entre la belle vie et les temps durs à Foshan par l'intermédiaire d'une musique très sombre et très émouvante m'a violemment conquis. De manière générale, les musiques dans Ip Man sont sublimes, j'ai été emballé par la BO dès le début du film : la musique lors du repas est magique et impose une ambiance asiatique délectable. Dès la première scène, j'avais le sourire aux lèvres et au fil du visionnage je savais que j'étais devant un chef d'oeuvre du genre. Une véritable merveille à ne pas manquer.