Outre d'innombrables et mémorables scènes de liesse, la fin de la Seconde Guerre Mondiale en France, marquée par la libération, n'a soixante et quelques années plus tard toujours pas été éclaircie... Femmes tondues, délits de faciès, délations, innocents désignés arbitrairement collabos, faux héros mais vrais planqués, ces instants troubles ne font guère (ou très peu) partie des bouquins d'histoire scolaires. Ainsi, peu de gens ont réellement pris connaissance de la situation, cela étant évidemment bien plus facile et glorieux de s'en tenir à la vision de nos Résistants revendiqués (parmi eux, certains mériteraient le panthéon, d'autres la prison !). Bref, en 1996, Jacques Audiard, fils de Michel et prometteur jeune cinéaste Français mit en scène une histoire complètement rocambolesque autour d'un opportuniste mythomane s'étant taillé une brillante carrière (inventée de toutes pièces) au moment où la roue tournait. Pour interpréter ce petit malin, Matthieu Kassovitz (là aussi, réalisateur au potentiel énorme mais qui a depuis retourné sa veste) fut désigné. Jeune, vif, énergique, il se révèle être tout au long du film un excellent choix de casting, comme l'ensemble de la distribution, impeccable jusque dans les seconds rôles (Dupontel, Kiberlain, Berléand, Nahon...). "Un héros très discret" a donc des atouts et s'appuie sur une certaine qualité technique lui permettant de rester à flots y compris lors de certaines séquences un peu difficiles. Globalement, il se tient : rythmé et propre, il respecte ses ambitions de départ, la véritable interrogation correspondant à ce moment au dilemme entre la simple exécution du minimum syndical ou l'envie d'aller chercher plus loin ? Visiblement, Audiard s'en est tenu à la première proposition, choix caractérisé par une fin aux limites de la morale bête et méchante. En somme, un très agréable divertissement rondement mené qui trouve son intérêt dans son sujet de départ et s'exprime à travers le talent de Matthieu Kassovitz.