Marianne Chaud a vécu pendant trois mois avec les moines bouddhistes du monastère de Phuktal, à près de 4000m d'altitude, au Zanskar, ancien royaume himalayen désormais rattaché à l'Inde. Ce n'était pas son premier séjour dans cette région puisqu'elle y avait déjà tourné un autre film : "Himalaya, la terre des femmes". Elle parle le zanskari et a su convaincre les moines de la laisser filmer leur vie quotidienne. La cinéaste s'est particulièrement attachée aux enfants, comme le petit Kenrap, 8 ans, venu au monastère à l'âge de 5 ans car il se déclare la réincarnation d'un vieux moine disparu. Et à voir la philosophie de vie qui anime déjà ce petit garçon, on est vraiment tenté de le croire! Il accomplit sans rechigner toutes les tâches matérielles : le ménage, la vaisselle, la corvée de bois, la réfection ou le déneigement des chemins et s'exclame avec sérieux en parlant d'un gamin guère plus jeune que lui : "Cet enfant est insupportable!". Car malgré les conditions extrêmes, la vie dans ce monastère accroché à la montagne au-dessus d'une rivière turquoise, est joyeuse. Les jeunes moines apprennent durant de longues heures les textes sacrés mais ils restent des enfants, farceurs, joueurs, rieurs et bagarreurs. Que de respect, de délicatesse et de tendresse dans ces images de vies simples toutes entières tournées vers la spiritualité! Une fois par an, les moines se dispersent dans les lointains villages pour des cérémonies de bénédiction qui leur apportent quelques subsides et leur permettent de revoir leur famille, comme c'est le cas pour le petit Kenrap. Ils traversent alors des paysages admirables et grandioses sur des chemins précaires et dangereux mais, comme l'affirme Kenrap dans sa grande sagesse, si on a le coeur fort et qu'on est résolu à ne pas tomber, on ne risque rien! Au printemps prochain, il quittera son cher monastère pour une communauté plus importante car son intelligence est vive et, comme il le dit lui-même, il est un vieux moine de 68 ans...