Les Petits Mouchoirs, c'est un film de potes, faits par une bande de potes (Canet les connaît tous depuis plusieurs années, certains même depuis un sacré long bail : Dujardin et lui étaient en CE1 ensemble !), et parlant d'une bande de potes. Un film que Canet estime comme son plus important à ce jour (et il a raison), comme le film qui, même s'il fera par la suite plusieurs films, restera son plus important. En gros, le réalisateur, qui nous avait déjà bluffés en 2006 avec le multi-césarisé Ne Le Dis A Personne (le meilleur thriller français, probablement), est on ne peut plus fier de son film, et croyez-moi, il a de très bonnes raisons de l'être ! Le film est à la fois drôle et triste. Une vraie comédie dramatique, donc. Quand il est drôle, il est hilarant ; quand il est triste, il est vraiment au point de vous faire piquer les yeux (ou de vous faire chialer, tout dépend de votre sensibilité). En tout cas, il ne force jamais le trait, ni dans un sens, ni dans l'autre.
Ce film est franchement grandiose. Hilarant, avec des dialogues souvent bien foutus (Si tu vas dire bonsoir aux enfants, prends un Lexomil avant d'y aller), ses gags tordants (l'allusion à Shining quand Cluzet fracasse la salle de bains à la recherche de fouines ; Cluzet et Magimel coincés sur le bateau pris dans la vase), le film sait aussi être grave, voire même déchirant : le monologue de Dubuch, qui dit ses quatre vérités au groupe, est remarquable, et la fin est totalement à vous retourner les tripes. Sans parler de ce passage où Lellouche, assez bravache et dingo dans le reste du film, se déchire à hurler son amour pour Louise Monot et sa détresse affective, de nuit, devant son appartement au-dessus d'un café, comme un homme blessé, en larmes.
Voici un film destiné à devenir culte, un film qui, malgré sa longueur étonnante pour un film de ce genre (2h30), n'est jamais ennuyeux. Mieux, on n'a pas envie que le film s'arrête ! Les Petits Mouchoirs est sobrement réalisé, rempli de grands moments, et interprété à la perfection. Quatre acteurs, surtout, portent vraiment le film : Cluzet, Lellouche, Magimel et Cotillard. Le premier est hilarant, le deuxième et le troisième sont touchants, la dernière, fragile et forte en même temps. Les autres acteurs assurent, mais ces quatre-là sont vraiment les porteurs du film. Quant à Dujardin, il est peu présent à l'écran, mais sa présence est dans tout le film (Canet a d'ailleurs choisi cet acteur devenu très populaire pour rendre le personnage de Ludo attachant, qu'on ait envie de s'intéresser encore plus à lui, qu'on n'oublie pas l'existence de l'ami hospitalisé en regardant les autres à Arcachon). Drôle et tragique en même temps, ce film est un triomphe, tout simplement !