Zoolander 2 : retour dans une comédie efficace mais sans réelles surprises de celui qui fut par trois fois baptisé mannequin masculin de l’année malgré son incapacité à tourner à gauche.♥♥♥
Quinze ans se sont écoulés entre la sortie du premier et du second Zoolander qui débarque cette fin de semaine sur nos écrans, quinze ans qui nous ont fait oublier un succès mitigé de la critique et du public, alors que le DVD a redoré l’image du film devenu culte pour toute une génération. On le comprend, l’impatience était au rendez-vous. Ce dernier opus comble-t-il nos attentes?
Cette nouvelle production entraîne Derek Zoolander (joué par Ben Stiller) jusqu’à Rome. Il y retrouve Hansel, son acolyte/rival de podium, (l’éternel hippie Owen Wilson) et une nouvelle venue : Valentina Valencia (séduisante Penelope Cruz) qui agit en qualité de police de la mode pour le compte d’Interpol. Ne s’affichant plus à la une des magazines après une catastrophe au “Centre pour les enfants qui ne savent pas lire génial”, elle les recrutent afin de démasquer qui se cache derrière l’assassinat de plusieurs célébrités mortes après un ultime selfie. Elle voit dans leur duck face un symbole du fameux blue steel, ce look indémodable popularisé par Derek.
Avec un pitch aussi déjanté, on se dit que cette comédie ne plaira pas à tout le monde. En effet, il faut vraiment aimer le deuxième degré, voire le troisième, pour apprécier les qualités pourtant bien présentes de ce film. Car sous des airs de pochade estivale se cache en fait une critique sous-jacente de notre société. Le premier volet questionnait le travail infantile dans l’industrie du textile avec la volonté d’assassiner le Premier ministre de Malaisie. Ici, on interroge surtout notre rapport aux machines (cellulaires, tablettes) et l’évolution qu’elles imposent sur notre langage quotidien (entre autres, l’omniprésence des hashtags). Bien sûr, l’absurde et le comique prennent le pas sur la morale et les interrogations que pose le film, gracieuseté de Justin Theroux qu’on a déjà vu à l’écriture de Tropic Thunder, avec le même Ben Stiller à la réalisation et dans un des rôles titre. Si on reconnaît l’humour du Saturday Night Live au ton parfois irrévérencieux, c’est surtout le format du film, construit comme une succession de saynètes, qui y fait référence. Certes, l’innovation en matière de plans ne marquera pas les esprits, néanmoins on saura gré à Ben Stiller d’avoir conçu son film comme un James Bond de la mode (Cruz en est bien évidemment la James Bond girl).
Surfant sur la vague des Kingsman et autres produits qui, ces dernières années, a relancé le film d’espionnage, le réalisateur abandonne la mise en scène très clipesque du premier volet qui utilisait un montage au stroboscope, comme sur les podiums. Ici, il promène son héros dans plusieurs pays (la même sorte de typographie à l’appui) et use de ralentis lors de cascades ou de courses poursuites, se jouant des codes du film d’action, notamment le timing qui s’étire jusqu’à en devenir risible. On est soit conquis, soit ennuyé par ces champs-contrechamps intempestifs qui peuvent néanmoins déclencher le rire par la surenchère et l’abondance de leur utilisation.
Au programme de cette suite, se retrouvent sur la sellette la mythologie, la religion, les grands noms de l’industrie de la mode, adeptes de l’autodérision (Valentino, Tommy Hilfiger et Anna Wintour en tête) et ceux qui refusent de vieillir (Kristen Wiig irrésistiblement laide). Les hipsters ne sont pas en reste. Une litanie de stars défile devant la caméra : de Katy Perry à Ariana Grande en passant par Susan Sarandon ou encore le questionnable Sting. Il ne manque que le regretté David Bowie, présent dans le premier opus, qu’on aurait aimé revoir et surtout entendre. Mais la palme du meilleur caméo revient sans conteste à Benedict Cumberbatch, qui ose et frise le ridicule sans jamais l’atteindre.
Finalement, l’affiche résume parfaitement le ton du film. La typographie de ce numéro 2 rappelle celle du célèbre parfum de Chanel, nous donnant ainsi l’illusion d’un produit de luxe entaché d’un humour bas de gamme. Tous les ingrédients (mini téléphone, Mugatu, Wham) sont au rendez-vous pour que le public suive de nouveau les aventures de Derek toujours atteint d’un trouble du langage créateur d’un effet comique. Déjà, la bande annonce nous mettait l’eau à la bouche en faisant mourir Justin Bieber (juste un Biberon pour les intimes) et, rien que pour ça, une comédie légère qui s’assume distancera toujours un drame lourd qui se cherche.