Le 26 décembre 2004, la nature reprit sa place en Thaïlande, Indonésie et environs en dévastant le littoral touristique asiatique par un Tsunami d’une gravité encore inégalée. Des dizaines de milliers de morts, une terre désolée, les vestiges d’une industrie touristique fleurissante, les conséquences d’une catastrophe naturelle d’ampleur effrayante qui secoua la planète monde alors que bon nombre n’avaient encore pas digérer leur dinde de Noël. Il aura concrètement fallu attendre huit ans pour que l’industrie du cinéma développe un long métrage sur le sujet, sans tenir compte de l’essai de Clint Eastwood, remarquable, au passage, sur Au-delà. C’est finalement l’espagnol Juan Antonio Bayona qui tente le pari le premier, aidé par les moyens mis à disposition du film catastrophe hollywoodien, d’acteurs internationaux tels que Naomi Watts et Ewan McGregor. Le cinéaste espagnol aura dès lors du pain sur la planche, devant tenter d’impressionner le public tout en respectant la mémoire des disparus. Pour ce faire, la mention tirée d’une histoire vraie, permet d’arrondir les angles.
Bayona, c’est un reproche que l’on lui a fait à bien des reprises, dans la presse notamment, à la sortie du film, aura choisi de mettre en scène le destin d’une famille occidentale pour le moins chanceuse, si l’on considère que celle-ci naviguât alors avec la chance dans un océan de malheur. Une mère, un père et trois enfants sont pris dans la catastrophe, alors qu’ils savourent pleinement leurs vacances. La famille est dispersée, la mère et son premier enfant se retrouve ensemble, le père et les deux plus petits de leurs fils, d’un autre cotés. Le chaos régnant après le passage du raz de marée verra la famille de survivants s’égarer, se chercher puis, bien entendu, se retrouver. Travaillant sur deux tableaux, le cinéaste aura démontré ses qualités, mais aussi ses limites. Si son approche de la catastrophe en elle-même est admirable, la qualité des images lors de l’arrivée des eaux est tout simplement splendide autant que douloureuse, son approche de la retrouvaille après les faits, elle, est nettement moins glorieuse.
Certes, intrigués que nous sommes par le dénouement possible à cette bien triste histoire, passons dans un premier temps à côté des défauts majeurs du scénario. C’est finalement lors d’une longue scène de retrouvailles, aux abords d’un hôpital surpeuplé, franchement téléphonée, parachutée, que surgissent les faiblesses de The Impossible, soit un mélodrame conséquent alors que l’on nous raconte l’histoire vraie de la famille Bennett. La catastrophe en elle-même est un grand moment de cinéma, les décors ravagés, le chaos qui s’en suit, est un formidable plateau mouvant servant à l’épanouissement des émotions. Malheureusement, Bayona, du moins son ou ses scénaristes, auront usés des raccourcis émotionnels propres au cinéma catastrophe d’un autre temps.
L’on pourra, ou non, reprocher à Juan Antonio Bayona d’avoir choisi la facilité d’un sentimentalisme primaire, dans les pleurs, les bisous et la joie, face à une telle catastrophe. Toutefois, il est d’avantage aisé de critiquer que de mettre en scène un tel film, soit par là-même, difficile de porter un jugement écrit sur un film qui représente honnêtement très bien le sinistre évènement de décembre 2004. Tout est bien qui finit bien, à peu de choses près, alors que le monde autour de nos heureux protagonistes est au bord de la ruine. Voilà sans doute ce que la presse d’aujourd’hui, qui ne semble plus admettre les standards émotionnels des années 80 et 90, n’aura su pardonner à Bayona, préférant accabler un film qui pour moi, dans toute sa simplicité, est une œuvre relativement forte. A vous de vous faire votre avis, grimaçant devant le corps mutilé de la mère, s’agaçant de l’intelligence précoce des enfants ou s’amusant du nihilisme face à la tragédie du père. En tous les cas, ici, nulle place pour les héros, l’homme étant ou chanceux ou victime. Si l’est finalement un constat que l’on peut tirer du film, c’est que la nature, quoique l’on puisse en penser, ne laisse que peu de chance de survie lorsqu’elle décide de s’activer, ici sous forme de Tsunami. Pour terminer, je salue la qualité des plans au ralenti ou sous-marin du cinéaste, tout simplement géniaux. 14/20