Vu sur le tard, - de 10 dans la salle. Beaucoup du camp des "contre" ont loué le sens esthétique des belles images chiadées et le jeu de Penn qui n'en finit plus de lâcher ses performances. O.K. Mais en plus, joignant le camp des "pour", j'y ai vu un vrai scénario, solide, ne relevant pas de la succession de scènes cocasses, en road movie qui n'en finit plus... Non. Au contraire, j'ai trouvé le film bien rythmé, plaisant dans sa forme légère et ironique, mais également dans son propos, très peu relevé par gens et critiques, à mon étonnement. En effet, il aborde le sujet de la place de la Shoah dans notre société contemporaine, ni plus ni moins. Le film se permet même de porter en dérision la religion du crime absolu et sa mémoire parmi les survivants, victimes et bourreaux! Stupéfaction des spectateurs et des gens du film devant la dégaine de Penn, surtout en traqueur de nazi, stupéfaction des rescapés devant l'horreur et la vie dont elle fait partie, stupéfaction du criminel de guerre devant le sens de son existence et ses actes, stupéfaction devant la solitude de l'effort pour être un homme responsable, qui ne sera jamais comblé niaisement par une âme soeur, devant les liens familiaux déchirés qui prennent une autre forme suivant ce qu'on vit et comment on se déplace autour d'eux, pour eux. C'est une sarabande d'ébahis, et à la fin la beauté du doute, et de la tragédie, est seule accessible pour eux, formant le théâtre où leurs sentiments peuvent y tenir un rôle, contrairement aux épanouis, les normaux transparents qui hantent nos scénettes quotidiennes auxquelles chacun doit frotter son ennui, pour ne pas s'empêtrer dans les fils de ces marionnettes creuses. C'est pas un film pour tout le monde, malheureusement, on dirait. Hélas. Faîtes le test. S'il est positif c'est à haute teneur en vitamines chaudes.