Et c'est reparti pour un nouveau "Terminator" dont, soyons honnêtes, on n'espère pas grand chose tant "Genisys" a cumulé toutes les tares d'une franchise incapable de se renouveler. "Terminator 3", la série "Sarah Connor Chronicles" et surtout "Terminator Renaissance" avec son contexte futuriste loin d'être inintéressant ont tout de même proposé des choses, chacun à leur manière, pour tenter d'élargir cet univers mais, au final, aucun d'eux n'a su réellement rivaliser avec l'excellence des deux premiers volets et les piliers fondateurs de la mythologie imaginée par James Cameron dans la mémoire collective. Même si on n'en est pas à lui souhaiter un sombre destin à l'instar de son titre, il est bien difficile de s'enthousiasmer pour ce "Dark Fate" malgré une implication plus forte de James Cameron, le retour de Linda "Sarah Connor" Hamilton ou l'arrivée de Tim Miller aux manettes de ce nouvel opus, les différentes bandes-annonces dévoilées du film n'ayant pas vraiment véhiculé ce sentiment tant voulu d'une bonne dose de sang neuf injectée au sein de la saga...
Et pourtant, passé un prélude qui fait tout pour éveiller notre fibre nostalgique de la bonne époque, la première partie tonitruante en action de "Dark Fate" nous rassure quelque part. Non pas que le film fasse dans l'inédit sur le fond, tous les ingrédients habituels sont là avec l'arrivée d'une protectrice d'un futur techno-apocalyptique et de la machine à tuer qui va de pair ou la présentation de l'inévitable humaine à secourir, mais l'énergie de ce démarrage effectué sur les chapeaux de roue nous emporte avec elle et force est de constater que Mackenzie Davis et les aptitudes du nouveau modèle de Terminator, le Rev-9, en imposent dans cette série d'affrontements. Et l'arrivée de Linda Hamilton en mode ultra badass au milieu de la bagarre conclut cette course-poursuite introductive de sacrée belle manière.
Problème, dès que "Dark Fate" va appuyer sur la pédale de frein pour temporiser et expliquer ses enjeux, nos bonnes impressions vont peu à peu s'évaporer. En prenant la forme d'un semi-reboot des deux premiers volets (surtout "Terminator 2") mêlant des anciens visages à des nouveaux, le film de Tim Miller donne finalement le sentiment de raconter une histoire que l'on connait déjà avec simplement de nouvelles appellations. Quelques variations ou des éléments piochés ici et là dans les suites que ce nouveau long-métrage veut gommer (l'héroïne "augmentée" comme le personnage hybride de Sam Worthington dans "Renaissance" notamment) essaieront néanmoins de faire illusion afin d'éviter la totale répétition mais aucun de ces changements ne sera assez majeur pour camoufler le fait que "Dark Fate" se contente de réutiliser ce qui a fait le succès de "Terminator"... en moins bien.
Le statut peu à peu révélé du personnage de Natalia Reyes sera d'ailleurs l'incarnation la plus visible de ce mal par son incapacité à rivaliser avec les modèles dont elle se voudrait être la nouvelle ersatz. Même s'ils auront attiré notre oeil dans un premier temps, les arrivants du futur vont connaître un sort similaire sur la durée : Mackenzie Davis aura beau capté toute la lumière à chaque fois qu'elle apparaît à l'écran, le film se montrera incapable de l'iconiser à sa juste valeur dans le but d'en faire un personnage que l'on jugerait désormais incontournable de la saga (on en vient à rêver de ce que James Cameron aurait pu faire lui-même d'une telle présence devant sa caméra), on ne parlera même pas par politesse de l'antagoniste plus qu'oubliable interprété par Gabriel Luna.
Bref, ce qui devait poser les jalons d'une nouvelle trilogie se révéle en réalité beaucoup trop faiblard et retourné en permanence sur le passé pour nous donner envie d'en revoir plus à l'avenir.
Reste alors l'aspect nostalgique de ce "Dark Fate" pour nous contenter mais, là encore, on est loin d'une mécanique bien huilée. Le retour d'une Linda Hamilton toujours aussi charismatique malgré les années fait évidemment plaisir à voir, cependant, le personnage aura le double défaut d'être d'abord un boulet au pied des nouveaux en ramenant constamment à elle tout ce qui les concerne et ensuite de faire du surplace dans ses motivations à peine bouleversées par l'arrivée de ce bon vieux Schwarzy dans l'équation. Avec une nouvelle position rédemptrice aux contours (si l'on y pense bien accompagné d'un sourire) assez similaires à celui de Sylvester Stallone dans les prémices du dernier "Rambo", le retour de ce dernier marquera le début d'un incroyable temps mort au milieu de "Dark Fate" qui paraîtra s'éterniser au-delà de l'entendement simplement pour prétexter un rôle plus actif de sa part dans les nouveaux enjeux. La relation entre Sarah Connor et lui amenée à évoluer offrira tout de même quelques beaux morceaux de bravoures (et certains jolis plans au regard de leur passé mutuel) dans la seconde moitié du film mais, un peu comme tout le reste, Tim Miller n'en retransmettra que l'infime partie d'un potentiel que l'on pouvait supposer bien plus marquant.
Dès lors, il ne restera plus qu'à "Dark Fate" sa générosité d'action (enfin, après l'énorme passage à vide que l'on a évoqué) dans le but d'assurer le spectacle à l'intérieur des rouages d'un dernier acte somme toute assez conforme aux codes habituels de la franchise.
Pris au piège entre un passé trop imposant et la mise en place d'un futur qui n'a pas grand chose pour l'être, "Terminator: Dark Fate" a un mal fou à trouver sa propre voie pour prétendre devenir LE film qui ôterait définitivement la rouille accumulée au fil des années sur la saga "Terminator". Il en résulte un blockbuster pas désagréable et qui carbure aux scènes d'action mais il est peut-être temps d'éteindre une machine qui grince depuis bien trop longtemps...