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Wouppa
3 abonnés
115 critiques
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3,0
Publiée le 1 octobre 2023
Joli film, naturel et spontané. On est observateur de ces enfants qui grandissent durant l'été. Mais pas d'idée, de phrases où de moments qu'on retient spécifiquement à la fin du film. On ressort néanmoins de la salle de ciné épaté et heureux de la Nature et de l'humanité qui existe encore chez les enfants .
La Boyita, c'est une curieuse caravane fabriquée en Argentine qui présentait la particularité de pouvoir se transformer en embarcation. Dans la cour de la maison de Jorgelita à Rosario, elle finit sa vie comme une vulgaire cabane, servant de refuge à la fillette et à Ju, sa soeur. Tout du moins, c'était le cas jusqu'à ce que cette dernière la repousse et la traite en gamine, et revendique sa chambre à elle. L'exposition de ce contexte occupe la première demi-heure du film, ce qui se justifie par la nécessité d'opposer la grande ville au bord du fleuve à la campagne de la Province d'Entre Rios peuplée d'Allemands, et la situation de Jorgelita à Rosario où elle est la dernière roue du carosse à celle qu'elle a à la campagne où son père l'appelle princesse.
La véritable intrigue débute avec l'arrivée de Jorgelita à la campagne, et sa rencontre avec Mario, un garçon un peu plus âgé qu'elle et que les autres qualifient d"orgueilleux et miséreux, comme son père". Je me suis longtemps interrogé sur la façon d'écrire cette critique, et notamment sur l'opportunité de révéler ce qui arrive à Mario. Ceux qui veulent garder le mystère sauteront donc les deux paragraphes suivants, mais il me paraît difficile de parler de ce film sans évoquer son sujet principal. Mario souffre d'hyperplasie surrénale congénitale, qui en touchant les petites filles amène à une survirilisation ; dans le cas de Mario, cela a conduit à ce qu'il/elle soit pris pour un garçon à sa naissance.
Quant apparaissent les manifestations de la puberté, règles et croissances des seins, Mario et sa mère sont dans le déni, par peur de la réaction machiste du père. Les explications que je donne sont celles d'un adulte qui est allé regarder sur wikipédia ; quand le père de Jorgelita commence à expliquer en médecin à sa fille ce qui arrive à Mario, celle-ci se bouche les oreilles, et quand elle découvre que son ami a ses menstruations, elle rétorque "Après tout, ma grand-mère a bien de la moustache".
Car c'est une des qualités du film que de se situer à hauteur d'enfant, à travers le regard de Jorgelita. Elle ne juge pas, sauf l'injustice du sort fait à son ami. Et les interrogations qui traversent son esprit sont davantage suggérées par la mise en scène que par les dialogues. La caméra de Julia Solomonoff s'attarde sur les corps, sur les indices de ses transformations, que ce soit dans les planches anatomiques des livres du père de Jorgelita, ou par des images plus métaphoriques comme la découverte de la mue d'un serpent ou la découpe d'une carcasse de boeuf.
Comme de nombreux films argentins de ces dernières années, cette chronique se situe dans un passé récent, puisqu'on entend à la radio parler du président Reagan. Mais contrairement à " Dans ses Yeux", situé sous le régime finissant d'Evita Peron, ou de " Agnus Dei" qui de déroulait sous la dictature des généraux, ou même du premier film de Julia Solomonoff, "Hermanas", qui évoquait l'exil, "Le Dernier été de la Boyita" n'est pas rééellement contextualisé, si ce n'est dans le souvenir de la réalisatrice : même si toute l'étendue de la Pampa entoure les protagonistes, le lieu de l'action se limite à l'entoutrage proche de Jorgelita. Soulignons enfin que la force du film repose aussi sur la qualité du jeu de ses jeunes acteurs, Guadalupe Alonso étant présente dans tous les plans du film et donnant toute la crédibilité à son personnage par la grâce de son jeu. Critiques Clunysiennes http://www.critiquesclunysiennes.com
Le Dernier été de la Boyita s’avère un film sur l’enfance tendre, émouvant, malgré des longueurs, des paysages, des non-dits en dévoilent parfois plus que des discours. Une grosse partie du charme de l’oeuvre de Julia Solomonoff repose sur ses deux jeunes acteurs: Nicolas Treise et Guadalupe Alonso. Les corps se modifient avec les années, mais l’esprit aussi. Les regards des enfants ont une intensité qui soulèveraient des montagnes.
3 Moop raisons de voir le dernier été de la Boyita: L’enfance abordé par le regard d’une petite fille sur fond de magnifiques paysages La différence, la découverte sexuelle des corps montrée par les yeux d’un enfant Une vision du monde de l’enfance qui donne envie de rester avec ses yeux de 9 ans
3 Moop raisons de fuir le dernier été de la Boyita: Des longueurs Des interrogations, des idées préconçues qui étouffent Action se limitant à l’univers de Jorgelina, monde intimiste parfois trop oppressant.
Un joli film argentin, dont on ne dévoilera pas le thème car c’est la découverte d’un secret qui est le tournant de l’intrigue. Rien de bien neuf dans le regard de la cinéaste, mais une réalisation soignée et sensible.
Joli film, naturel et spontané. On est observateur de ces enfants qui grandissent durant l'été. Mais pas d'idée, de phrases où de moments qu'on retient spécifiquement à la fin du film. On ressort néanmoins de la salle de ciné épater et heureux de la Nature et de l'humanité qui existe encore chez les enfants .
Après Plan B il y a quelques semaines, voilà à nouveau un très beau film argentin. Dans un genre bien différent. On pense beaucoup ici à un autre film du même pays à peu près sur le même thème : XXY. Pour son deuxième film la jeune réalisatrice Julia Solomonoff nous offre une jolie chronique tendre et pleine de pudeur. Ce délicat passage de l'enfance à l'adolescence et la découverte de la sexualité et de l'autre sont mis en images avec tact et sensibilité. La mise en scène est simple, privilégiant les personnages. Le rythme est lent mais le scénario nous tient en haleine sans que jamais l'ennui ne pointe son nez. Les deux jeunes acteurs sont formidables, tout comme les adultes même s'ils n'ont que de petits rôles. Vu un peu par hasard et sur les conseils d'un ami, ce Dernier été de la Boyita (une caravane flottante !) mérite le détour et s'avère être une très bonne petite surprise en cette fin d'été qui nous en a déjà réservé pas mal...
Quoi de plus poignant, mais aussi de plus porteur d'espoir, que ces moments éphémères et fragiles où l'on dit adieu à l'enfance pour entrer dans l'adolescence, antichambre de l'âge adulte! La petite Jorgelina va vivre un été singulier, celui de tous les changements. Elle est encore une enfant mais autour d'elle, tout est déjà en mutation : ses parents se séparent, sa soeur aînée devenue "grande" lui préfère désormais les amies de son âge et les mystères de la sexualité commencent à la préoccuper. Alors elle tourne le dos à la Boyita, la vieille caravane au fond du jardin, théâtre de ses jeux enfantins, et elle part pour le domaine campagnard de son médecin de père. Elle pense trouver un nouveau confident en Mario, le fils des métayers, qui aborde lui aussi une périlleuse étape de sa vie. Dans cette communauté rurale et machiste, il doit prouver qu'il est digne d'accéder au statut d'homme. Mais Jorgelina va provoquer, en croyant bien faire, la révélation d'une erreur à la naissance sur le sexe de Mario. A son retour chez sa mère, la Boyita a péri, écrasée par un arbre, et son enfance a pris fin avec le drame de Mario. C'est avec infiniment de tendresse pour ses personnages et de délicatesse des images que Julia Solomonoff traite ce sujet de l'éveil de la sexualité et de la féminité. L'air de rien, elle souligne aussi les différences entre la classe aisée où évoluent Jorgelina et sa famille, et celle des ruraux à laquelle appartient Mario. Le malheureux enfant subit la brutalité de ses aînés, particulièrement de son père qui le punit de ne pas être le fils qu'il voulait en le rouant de coups. Pourtant, malgré le contexte dramatique, on apprécie la très belle photographie qui restitue l'atmosphère de cet été dans la pampa argentine, la lumière intense, la poussière, la chaleur accablante mais aussi la beauté des chevaux et d'une nature infinie peuplée de troupeaux, la fraîcheur d'un étang, la violence d'un soudain orage. Un joli film donc, pudique et poétique, entre insouciance et nostalgie de l'enfance qui s'éloigne.
Il faut décidément suivre de près les cinéastes argentines dont le patronyme est d'origine russe (!). Après le très joli Puzzle de Natalia Smirnoff, au tour de Julia Solomonoff, avec Le dernier été de la Boyita, d'imposer sa propre douceur sur un sujet pourtant délicat et déjà plus ou moins traité, de façon très différente, par Lucia Puenzo dans XXY, celui de l'identité sexuelle. Le cadre ici a un rôle de premier plan. La pampa argentine, ce monde macho et fruste où être un homme signifie quelque chose. Le regard est celui d'une pré-adolescente qui se rapproche d'un jeune garçon dont la virilité va justement être mise à l'épreuve. Julia Solomonoff filme à hauteur d'enfance, avec une délicatesse touchante la découverte du corps et de ses mystères, loin du monde brutal des adultes. C'est la qualité première du film, cette volonté de suggérer plutôt que de montrer mais c'est aussi son talon d'Achille. Le dernier de la Boyita manque de force de conviction et se perd parfois dans une trop grande pudeur. Il reste un joli film intimiste qui caresse les visages avec une certaine sensualité. On se contentera de cette esquisse qui se refuse à devenir tableau achevé.
Jorgelina est une pré ado argentine de la classe aisée (père médecin, par ailleurs propriétaire terrien), éveillée et même malicieuse. C'est l'été où ses parents se séparent, où sa soeur, déjà formée, est devenue une vraie chipie, où elle reste seule à jouer dans la vieille "Boyita" (caravane) du jardin familial. Si son aînée préfère rester avec leur mère au bord de la mer, "Jorge" accompagne son père dans leur estancia et y retrouve Mario, un des fils du métayer, à peine plus âgé qu'elle. Ce "Dernier été de la Boyita" est-il un film de plus sur l'apprentissage amoureux, comme on pourrait l'imaginer ? Ce serait sans compter avec une péripétie douloureuse tenant à l'intimité et l'identité sexuelle de Mario. Sur un sujet similaire une autre jeune réalisatrice, Lucia Puenzo, avait signé en 2007 un "XXY", privilégiant une approche frontale, donc beaucoup plus brutale, voire carrément scabreuse. Cet autre film de (jeune) femme (son deuxième long de cinéma) est également argentin, mais là s'arrête la comparaison car Julia Solomonoff réussit une oeuvre bien différente, toute de pudeur, de tendresse, sans les excès démonstratifs et voyeuristes de "XXY", grave, digne, pleine d'espoir, mais aussi infiniment triste. Il faut distinguer particulièrement au niveau distribution la jeune Guadalupe Alonso/Jorgelina, au jeu très naturel, et aussi Mirella Pascual qui donne une exceptionnelle humanité au rôle d'Elba, la mère effacée et aimante de Mario (mais Nicolas Treise convainc moins dans la peau tourmentée de ce dernier).
Ce film comme "xxy" est argentin et traite de la même thématique particulière. On pouvait donc s'attendre à un malheureux copié/collé. Il n'en est rien. La Boyita possède sa propre intégrité, autant que "XXY". C'est même gracieux. Le dernier plan des deux gamines est à mon avis un hommage copié/collé d'un chef-d'oeuvre du cinéma de langue espagnole, "Cria Cuervos" de Carlos Saura, c'est dire la qualité de la référence égale aux émotions développées dans ce film sur l'enfance qui grandit, et savoir d'avance en fugaces fulgurances enfantines et sages ce qui restera de pur une fois grand, si tant est qu'il reste quelque chose !