Comme premier film de super-héros pour cette année 2016, nous avons « Deadpool », probablement l’un des longs-métrages les plus attendus de l’année, surtout pour les fans du personnage; ce dernier fait partie des héros atypique parmi les anti-héros, connu de l’univers X-Men pour son humour noir et tordu. Joué par Ryan Reynolds, un accro aux super-héros et surtout à celui-ci. Malheureusement, les premières expériences de l'acteur en la matière furent douloureuses. En 2011, son Green Lantern est un bide. Autre déception, deux ans plus tôt avec X-Men Origins : Wolverine dans lequel il incarnait pour la première fois Deadpool. Selon lui, le studio ne l’a pas respecté. Mais grâce à ce film, l’acteur prend sa revanche : non content de camper à nouveau ce super-héros dans un film dédié, il le produit pour le protéger et pour lui redonner tout son éclat. Le rachat de Marvel par les studios Disney aurait pu compromettre son projet, mais la licence des X-Men et de Deadpool est resté chez la Fox.
Je me demande néanmoins de quel studio se rapprocherait le film, les deux j’imagine. Le retour à l’affiche de ce célèbre personnage pourrait apporter un vent de fraîcheur dans l’univers très calibré des productions de super-héros d’aujourd’hui.
Et bien, j’ai grandement apprécié Deadpool. Pour commencer, le film a eu le mérite d’avoir une promotion exceptionnelle, assumant pleinement le côté barré du personnage. Là déjà on part bien. Ensuite, l’histoire : Wade Wilson, un ancien militaire des forces Spéciales devenu mercenaire, apprend qu’il est atteint d’un cancer généralisé. Après avoir subi une expérimentation hors normes qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il devient Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, il va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.
Déjà, le générique d'ouverture nous avertit du ton insolent du film.
Les noms des acteurs, producteurs et réalisateurs y sont remplacés par une description vacharde de ce qu'ils représentent dans l'industrie du cinéma;
au lieu de montrer des images et/ou visuels, on préfère utiliser des phrases, voilà ce qui rend cette introduction originale. Concernant le scénario, il est classique, mais c’est justement de cette façon que Deadpool va perpétuer avec bonheur une tradition de sa culture, tout en prenant bien soin paradoxalement de respecter les canons narratifs de l'itinéraire super-héroïque : une « origin story », des méchants à abattre, une demoiselle à sauver
et un happy end ouvrant la porte à de nouvelles aventures.
Évidemment, le film ne joue pas que sur ce point-là.
Ce qui fait définitivement la quintessence de ce long métrage, c’est bien le personnage de Deadpool. Ses armes ? un humour trash, une violence décomplexée, une maîtrise de l’autodérision, et des dialogues piquants, crus et décontractés. Ryan Reynolds ne joue pas seulement Deadpool, il est Deadpool, et vit le personnage de façon incroyable, et ça, je ne peux que le féliciter.
D’ailleurs, l’anti-héros se fout ouvertement de la gueule de son propre interprète et des navets de sa filmographie.
Ah mais oui ! Comment puis-je parler de ce personnage sans citer sa tendance à constamment briser le quatrième mur !
(Même le générique le fait).
En effet, il livre une multitude de références cinématographiques et culturelles avisées. De quoi amuser les fans et les connaisseurs de cet univers, quitte à laisser parfois sur le bas-côté les spectateurs qui n'auraient pas toutes les clefs nécessaires pour comprendre chaque vanne débitée par Ryan Reynolds. Concernant les autres personnages, Morena Baccarin (que je connais pour son rôle dans Gotham) est superbe. Les mutants Colossus et l’inédite Negasonic Teenage Warhead sont drôles. Mais la plupart manquent quand même de substance et sont stéréotypés, comme par exemple le méchant Ajax qui est sacrément banal ainsi que sa coéquipière Angel Dust.
Par contre le caméo de Stan Lee est magnifique.
Pour ce qui est de la forme du film, nous avons la bande-son composée par Junkie XL, qui se laisse écouter avec beaucoup de plaisir et rythment bien les scènes à l’écran, elle apporte une énergie ravageante au long-métrage. Il y a également des chansons plus connues
comme par exemple « Careless Whisper » de Georges Michael.
Les décors sont en revanche moyen et pas franchement innovant. Par contre les chorégraphies des combats sont chouettes et bien orchestrées ainsi que la réalisation qui regorge de plans séquences frappantes. L'action est jouissive, mais j'avoue en avoir attendu plus de ce côté-là, c'était suffisant mais…un peu plus n’aurait pas été de refus. Par contre mention spéciale pour la scène au laboratoire qui est l'une des meilleures parties du film avec un combat féroce.
Pour conclure, en adaptant à l’écran les aventures de l’anti-héros le plus déviant et controversé de l'univers Marvel, le réalisateur américain Tim Miller, qui réalise ici son premier long-métrage reprend le procédé culte du comics, et s’en amuse avec brio. Malgré un budget limité, le cinéaste livre un film fidèle au personnage iconique campé par un Ryan Reynolds au top de sa forme avec de l’humour noir et décomplexé ainsi que de l’action débridée. Le film n’est pas subversif (c'est-à-dire qui tente de provoquer) mais reste jouissif et hilarant et est un bon divertissement. Ah et bien sûr, rester bien jusqu’à la fin du générique ! 4/5