Deadpool en aura clairement fait voir de toutes les couleurs à ses producteurs ! Et pour cause, il n’était pas chose aisée de devoir adapter les comics de ce personnage si atypique de l’écurie Marvel, ce dernier étant violent, vulgaire, « cool » et en roue libre (il s’adresse directement aux lecteurs). Surtout que d’un point de vue cinématographique, il n’avait franchement pas convaincu lors de sa première apparition dans X-Men Origins : Wolverine, ce film ayant entaché à jamais son image. Sans compter que son comédien d’origine, Ryan Reynolds, n’a pas su attirer l’attention du public dans ce rôle mais aussi dans le monde des super-héros en général (Green Lantern). Qu’ils se rassurent : le film est une très grande réussite ! Comme en témoignent les nombreux avis positifs, dont celui du créateur même du personnage (Rob Liefeld) et les recettes au box-office international (déjà plus de 260 millions de dollars en moins d’une semaine).
Il faut dire aussi que Deadpool, dans son ensemble, fait très fort. En effet, dès sa promotion (regroupant affiches et bandes-annonces), le film promettait d’être un divertissement totalement barré qui n’avait qu’un seul but : divertir tout en faisant rire via son univers déjanté. Pour le spectateur, il lui suffira du générique du début pour se rendre compte qu’il va être servi !
« Avec une bombasse, un méchant très classe, le comique de service, un caméo prévisible… », « produit par des culs », « réalisé par un blaireau surpayé »…
d’entrée de jeu, Deadpool annonce la couleur et nous projette dans un visionnage de fous rire non-stop, et ce jusqu’à la fameuse scène post-générique des films estampillés Marvel. Que ce soit en répliques ou bien en situations rocambolesques, le long-métrage ne vous laisse aucun moment de répit ! Un véritable orgasme humoristique qui assure pleinement le spectacle et justifie que l’on prenne sa place de cinéma.
Et si le film fonctionne de ce côté-là, c’est parce qu’il n’a tout simplement aucune limite, aucune censure. Deadpool, comme son comédien principal, se lâche pour notre plus grand plaisir avec une très grande efficacité et ne se montrant jamais lourdingue malgré son côté vulgaire et violent. Cela, le long-métrage le doit notamment à un comique certes référentiel et hautement imprévisible mais aussi plus fin (pas de blagues racistes, homophobes, sexistes…) et plus corrosif, voire critique (les célébrités, les producteurs hollywoodiens, Ryan Reynolds, la franchise X-Men et l’existence même de ce film en prennent pour leur grade), que prévu. Et c’est sans doute pour cela que le film fasse autant mouche : il se montre bien plus intelligent que la moyenne (Kick-Ass and co, vous passez aux oubliettes !) et ne plonge jamais dans la facilité de bas étage.
Alors oui, niveau scénario et mise en scène, on ne peut pas dire que Deadpool transpire l’originalité. Surtout qu’ici, le film traite d’un mercenaire tentant de se venger du vilain de service qui s’en prend à sa bien-aimée. Mais le long-métrage n’a jamais prétendu être autre chose qu’un divertissement délirant et efficace. Et c’est ce qu’il est ! D’autant plus qu’avec son « petit budget » de 58 millions de dollars (les films de super-héros tournent souvent autour de 170 millions de nos jours), Deadpool se montre bien plus prenant et palpitant que Captain America, Thor et consorts. Le réalisateur Tim Miller a en effet compris que pour ce genre de film, la simplicité était l’atout idéal pour réussir une telle entreprise. Du coup, pas de grande scène spectaculaire (d’ailleurs, les effets spéciaux reflètent le « peu » de moyens) ou bien de personnages secondaires à foison pour étirer l’intrigue à tout-va pour au final la survoler, Deadpool va droit à l’essentiel, livrant son lot d’humour et d’action à un rythme maîtrisé à la perfection. Et si l’ensemble ne se montre jamais lourd, c’est grâce à des moments plus intimes, plus émouvants, qui calment le tempo quelques temps pour mieux repartir par la suite et souvent en fanfare.
Difficile d’en dire plus sans spoiler ! Deadpool se présente un peu comme le cas Star Wars : le Réveil de la Force : révéler ne serait-ce qu’un seul détail du scénario équivaut à gâcher le plaisir du spectateur dans la découverte du long-métrage. Je conclurai juste en répétant ce que j’ai si souvent dit dans cette critique : le film de Tim Miller est une franche réussite rimant avec simplicité et efficacité, bien plus fin et intelligent qu’il n’y parait. Pour dire, rarement je n’aurais autant attendu une suite (Deadpool 2 est déjà prévu) ou le fait de revoir rapidement ce film pour perdurer le plaisir que j’ai eu pendant le premier visionnage. En tout cas, chapeau à la production d’avoir laissé carte blanche au réalisateur, dont c’est le premier long-métrage. Avec ce qui s’était passé avec Josh Trank et Les 4 Fantastiques, on pouvait ne pas y croire. Fort heureusement, le produit final répond à nos attentes, et pas qu’un peu !