Hesher, qu'on se le dise, repose à 90% sur la performance dingue de Joseph Gordon-Levitt, transfiguré en métaleux crade et mal tatoué, sans talent, aussi bon pour mettre le bazar que pour réorganiser une vie. Et là, vous tenez tout le propos de Hesher : comment un "fauteur de trouble" peut remettre sur les rails un père et son fils en pleine crise existentielle depuis que la maman est morte brutalement ? Comme on dit, "pour bien ranger, commence par tout sortir". Et c'est Hesher qui s'en occupe. Le film a donc ses scènes de grand "bazar" (lorsqu'il s'incruste pour taguer puis brûler une voiture, pour remplir une piscine avec tout ce qu'il trouve...) porté par un Levitt sous LSD (il nous a bluffé), et oscillant entre le torse-nu ou le slip (du calme, mesdames, du calme, surtout que son personnage est vraiment un tue-l'amour, damned...). A ses côtés, Rainn Wilson (oui, "Dwight" de The Office, nous aussi on n'arrive pas à le voir autrement) en père déboussolé est convaincant, et le jeune Devin Brochu en petit garçon rattaché à l'épave de la voiture de sa mère, nous a pincé le cœur. On a simplement trouvé que le film aurait pu facilement mettre plus de profondeur, plus d'émotions, "y aller franchement plus", dans sa partie centrale, car il se laisse parfois porter par son scénario sans chercher plus loin. Heureusement, la fin a sa scène-clé qui nous fait oublier qu'il n'y en avait pas eu jusque-là, en nous proposant
une course-poursuite du métaleux (ayant volé le cercueil de la mémé pour "la promener" comme il lui avait promis de son vivant) qui se transforme en "promenade familiale, pleine de pleurs et d'hommage sincère", comme une réconciliation autour de ce cercueil
(on a adoré le ralenti et la musique qui couvre les bruits, qui donnent toute l'importance à cette scène). Une très belle scène, qui rattrape un peu le ventre-mou du film. Levitt est méconnaissable et en profite pour nous surprendre, tout autant que ce film en bazar qui se range joliment à sa fin.