Eastern Plays trouve sa beauté dans sa faculté à ne pas emprunter les chemins qu'il trace à son commencement (l'état social des lieux et leurs correspondances), mais à s'en abstraire, s'en évader. Alors, le film se ressert sur le drame intime du personnage principal pour mieux s'ouvrir. La mise en scène, à ce moment là, prend la juste mesure du traumatisme, et en se mettant à la fois à distance et à vif de son sujet, permet au film de trembler et de laisser jaillir l'émotion.
Itso, être à la dérive mais stagnant dans un espace défini, est un personnage en quête (de sens, de perspective -il faut voir ses peintures frontales, symptomatiques de l'impossibilité à trouver une profondeur de regard-) et dont la solitude s'exprime notamment dans le cercle familial éclaté. Son jeune frère, lui, provoque (des accidents, des regards, des rencontres...) mais sans jamais agir, sans jamais faire en sorte que quelque chose advienne. C'est un personnage embrigadé, qui avance bien malgré lui. Il est porté par le flux des choses et des gens qui l'entourent.
Itso quand à lui, éperdument en quête, agit en vain. Tout se referme sur lui (portes, espérances...). Il n'est porté par rien ni personne et de ce fait, est un corps frappé par la pesanteur. Un poids que le cinéaste fait bien de ne pas définir: fatalité? destin social? consumérisme?
Accablé, appesanti, mais beau, le film ne le laisse pas à l'abandon, et par le miracle d'une rencontre qu'on ne saurait définir comme réelle ou irréelle, lui permet finalement d'atteindre d'autres dimensions, infinies cette fois: la grâce et la beauté retrouvées.