Xavier Dolan semble encore avoir 16 ans et en pleine crise, et il nous livre allègrement, sûr de lui (et il peut), une mise en scène frondeuse, stylée, construite, rythmée, inspirée, assumée. Des scènes de disputes explosives et incessantes, qui éclatent violemment, avec la crudité tragi-comique de toute adolescence, sans jamais tomber dans l'hystérie ni même le pathos, et Dieu sait pourtant qu'on les frôle à tout instant ! Rien n'est très tentant des sorties de cette semaine, légère appréhension au moment du choix, de peur d'être témoin d'une séance pénible de nombrilisme vaguement arty, alors comment ne pas être épaté à la découverte de ce personnage émouvant et de son auteur, jeune homme remarquablement doué et prometteur, et de son film personnel et abouti. Il est d’une jeunesse vive et intrépide, créatrice, habile et a du style, alors on l'affuble du vilain qualificatif de "maniériste" ; sa beauté insolente, juvénile, qui se confie facilement à la caméra, ingénue, en trouble quelques uns, qui du coup lâchent du "narcissique" à tout va pour se défendre. Ni maniéré ni charmeur, Hubert Minel est comme ça, tel quel et c'est tout. Personne d’autre ne pouvait l’incarner mieux que l’auteur lui-même. Le reste, ce n'est pas à la critique de cinéma d'en juger.