Première tentative et approche cinématographique du nouveau petit prodige cannois, "J'ai tué ma mère" s'avère n'être ni réellement une réflexion, ni réellement un constat sur une adolescence compliquée d'un jeune homosexuel en conflit permanent avec sa mère dépassée par les évènements, mais semble plutôt être un témoignage, une auto-fiction filmée du jeune réalisateur. Touchant, même s'il était simple pour le film de l'être, vu les circonstances déployées au cours des scènes, le déroulement de l'histoire et les traits émotionnels des différents personnages, le scénario évolue simplement, sans de grands retournements magistraux, sans non plus se laisser aller dans les prélassements ennuyeux des prétenduments films de maîtres qui n'en sont pas. Passant des provocations du jeune homme à l'esprit protecteur instinctif de sa mère, qui se révèle ne pas être en réalité le monstre décrit par son fils, le scénario révèle peu à peu la vérité sur l'égarement d'Hubert et la peur louable de sa mère de le laisser se perdre sans rien y faire, la narration claire et fluide, sans fioritures, se ponctue sans cesse de références aux grands films et aux grands réalisateurs, comme Wong Kar-waï, Ingmar Bertgman, Jean-Luc Godard ou encore François Truffaut, et appuie l'envie sincère de Xavier Dolan de faire quelque chose d'esthétique. Quant aux potentiels clichés qui se seraient accompagnés au sujet abordé, en l'occurence, l'homosexualité et l'adolescence, c'est en les renouvellant avec des ralentis ou une chaude photographie - bien que cette dernière aurait mérité quand même un peu moins de barbarismes au niveau de l'instensité des couleurs - et les musiques appropriées qu'il les a évité. Au final, peut-être un manque d'ambition scénaristique quant aux situations, faisant que la conclusion est plus une résignation, le film ne pouvant se poursuivre sans traîner avec lui un lourd handicap au niveau de sa logique, de son authenticité et de son exactitude.