Voilà, je l'ai découvert ce Xavier Dolan dont on m'a parlé pendant si longtemps ! Je dois avouer que le jeune homme de 22 ans a du talent, du moins dans ce premier film que j'ai vu : J'ai tué ma mère. Du talent à la fois devant et derrière la caméra, ce que peu de cinéastes se risquent à faire en général, mais qui témoigne souvent d'une virtuosité exemplaire (Mel Gibson, Clint Eastwood entre autres). Egalement scénariste, Xavier Dolan nous présente ici un adolescent de 17 ans : Hubert Minel, qui ne peut plus supporter sa mère. Aborder un tel sujet est inhabituel et sans choquer, ça a le mérite de ne pas être conventionnel. Le scénario est très bien traité et le film se regarde agréablement, j'ai été passionné par cette trame à la fois dramatique et humoristique. Le côté humoristique, je le dis clairement, c'est essentiellement grâce à l'accent québécois qui donne toujours un immense charme aux répliques, surtout quand on n'y est pas habitués. Ce qui me dérange à chaque fois dans le cinéma français : le manque de naturel. Quand on regarde un film comme J'ai tué ma mère, on voit clairement la différence. Les répliques sont énoncées avec tellement de réalisme, de sincérité, de naturel, c'est dingue. Alors peut-être aussi que les acteurs sont excellentissimes (d'ailleurs ils le sont) mais n'empêche, ça frappe. Les répliques font vraiment mouches, et même si ça ne plaira peut-être pas aux québécois qui me liront, je le dis : cet accent m'a beaucoup fait rire, dans le sens positif du terme bien évidemment. Vous avez une manière de vous exprimez qui fait passer les effets comiques avec brio, c'est assez incroyable. A l'opposé, les effets dramatiques passent également tout seuls, contrairement aux films français dans lesquels les deux registres s'en tirent moyennement bien (c'est mon avis). Bref, quoiqu'il en soit le sujet traité dans ce film est intéressant puisque la question "Peut-on détester sa mère ?" en fait l'objet. Effectivement : est-on obligés d'aimer ses parents ? Par l'intérmédiaire de fausses interviews, Xavier Dolan nous présente un personnage qui, visiblement, ne peut pas supporter la sienne et vit un enfer au quotidien. Tout les oppose, que ce soient leurs goûts comme leur façon de vivre (il ne supporte plus de la voir devant sa télé à regarder des conneries), ce qui ne facilite pas leur communication. Alors certains auront peut-être été éthiquement choqués par ce scénario original, mais l'idée de remettre en question l'amour porté à une mère est assez fine. Moi je n'ai pas de problèmes de ce côté mais Hubert, lui, semble à la fois détester et aimer sa mère. C'est une femme qui nous apparaît assez insupportable par moments, car c'est une manipulatrice qui aime jouer avec la culpabilisation de son fils. Hubert, pour un jeune de 17 ans est très mûr et réfléchi, loin du stéréotype de l'ado rebelle bien chiant (même si sa coiffure peut prêter à sourire), et on tente d'en connaître un peu plus sur son ressenti. Mal dans sa peau, chose que sa mère expliquera par son homosexualité, il ne peut plus la blairer et la fait même passer pour morte auprès de son enseignante afin de ne pas avoir à la prendre pour modèle. Le personnage de la mère est très difficile à cerner, puisqu'on a l'impression qu'elle est un mur face aux paroles de son fils et qu'elle éprouve même du plaisir à le contredire ou à ne pas réagir. Hubert, lui, essaie d'arranger les choses du mieux qu'il peut, il fait d'énormes efforts, mais ils ne sont pas réciproques. Le duo d'acteurs est vraiment bon, du début à la fin on suit leur relation assez tumultueuse et notamment les crises de nerf justifiées du jeune homme devant sa mère incapable de se remettre en question. Je retiens notamment les scènes où il l'engueule (dans leur appartement, mais surtout dans la voiture au début). Certains parleront mieux que moi de ce film car j'admets ne pas avoir grand chose à en dire, en fait. De nombreux passages sont intéressants, comme la relation entre Hubert et sa prof qui le recueille chez lui. Les acteurs, et notamment Xavier Dolan, sont vraiment parfaits, tout autant que la réalisation du film. J'ai beaucoup aimé la façon avec laquelle on nous montre ce que lit le personnage principal (sur papier, sur son portable), en superposant sur le film des écritures. De même, de nombreuses scènes sont géniales artistiquement parlant, comme la peinture sur les murs, ou encore des effets à la Gus Van Sant. J'ai surtout vu cette ressemblance lors d'une scène où on voit Hubert de dos, au ralenti, avancer entre les rangées d'une salle de classe. La musique à ce moment est d'ailleurs sublime. La BO ainsi que l'ambiance font penser à Good Bye Lenin, un autre film excellent avec Daniel Brühl. A part ça, les émotions passent avec une grande facilité, que ce soit dans le regard de la mère comme dans celui de Xavier Dolan qui nous offre ici une incroyable prestation d'acteur. Et pour conclure, la fin du film n'est pas clichée, ce qui fait du bien.