Le sujet, original, aurait pu donner lieu à un film puissant, or j'ai été déçu: c'est plutôt une tempête dans un verre d'eau. On ne ressent pas vraiment la souffrance du personnage principal, Hubert, qui expose sa situation psychologique de manière lourde, superflue, comme une thèse. D'ailleurs, ses rapports avec sa mère ne sont pas si mauvais: on a l'impression qu'il en fait trop pour qualifier le problème. La fameuse incompatibilité, typique de l'ado, n'est pas vraiment crédible. Le contexte dramatique aurait pu être bien pire, en tous cas plus fort, plus vicié, moins mono-centré... De fait, Xavier Dolan en rajoute dans le pathos et alourdit la symbolique jusqu'à l'artifice pour toucher le spectateur. Or tout est trop forcé par rapport à une situation plutôt bien calme: la mère n'a pas une once d'homophobie ni d'autorité castratrice, aucun frère et/ou soeur et le père n'est pas là, un cliché du père de gay. Si bien que Xavier, malgré ses quelques mésaventures, donne plus l'image d'un provocateur d'extraction bourgeoise en bute sur un problème personnel, que celle d'un garçon qui a réellement souffert -puisqu'il part de sa propre expérience familiale. Pour accentuer le propos, il tape trop dans le négativisme, sans faire part de la joie des à-côtés, sans montrer sa part de bonheur intérieur. Avec ses ongles rongés, abîmés, le ton monocorde, les commentaires enregistrés, les symboles, tout est trop appuyé et cette insistance dans l'énervement ne rend pas le personnage sympathique. Sinon, le jeu d'Anne Dorval alias Chantal, la mère, pâtit d'un personnage qui manque d'envergure. François Arnaud est une bonne découverte. On reconnaît forcément un certain talent à Xavier Dolan-Tadros, 17-19 ans alors, pour les dialogues, une certaine vision, les passages graphiques et poétiques, même si l'image est souvent terne (il était entouré d'une équipe de pros). Avec un budget restreint, il s'est assez bien débrouillé. L'émotion finit par passer mais le sujet méritait bien mieux.