Multiculturel et polyglotte, Altiplano agit comme un pont à travers le ciel, reliant hommes et femmes de toutes cultures à travers leur peine et leur incompréhension. Beaucoup d'incompréhension.
Le colon a apporté au Pérou la Sainte Vierge. Elle est embrassée, vénérée, conférant la force spirituelle de lutter contre les mines d'or de l'envahisseur européen. Pourtant son sous-produit et poison, le mercure, est embrassé comme signe du divin. Quant aux médecins venus faire de leur mieux pour réparer ses dommages, ils sont eux aussi rejetés au titre qu'ils ne sont que d'autres gringos.
Le film est rempli des plus graves contradictions dont l'Homme peut se rendre coupable. Un peu trop, car il devient un bloc argumentaire qui s'emporte dans un militantisme à peine retenu et d'où l'on aura de la peine à dégager une histoire marquante. Mais en démontrant à quel point on peut faillir à se comprendre sans un repère commun, il remet en cause ce qui nous rend le plus distinctivement humain : le langage.
Avec son art de poser les mauvaises questions pour nous laisser deviner les bonnes réponses, et en culpabilisant les vraies victimes (pour leurs croyances, leur ignorance, leur manque d'ouverture), il nous fait réaliser que c'est nous-mêmes, en tant que spectateurs, qui sommes à blâmer pour leur rejeter ainsi la faute, et que c'est à travers le miroir déformant de nos propres biais qu'on valide avec tant d'aise incongrue les jugements que les réalisateurs nous proposent de porter.
« Révisez votre histoire », nous invite la doctoresse quand c'est son collègue européen qui fait preuve d'incompréhension. Car oui, nous qui nous disons si malins, nous ferions bien, plus souvent, de nous servir de notre science afin de révéler nos propres erreurs passées, et d'en tirer des leçons pour nous-mêmes plutôt qu'à l'adresse des autres. Notre science, ou notre cinéma.
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