Le film s'inspire directement du roman Jacob et l'autre, écrit en 1961 par l'Uruguayen Juan Carlos Onetti. Cette nouvelle est teintée d'un comique et d'un optimisme qui font d'elle une exception au milieu de l'œuvre littéraire, généralement très pessimiste, de l'auteur.
Le réalisateur Alvaro Brechner, grand admirateur de l'auteur Juan Carlos Onetti, a tout de suite été frappé en lisant pour la première fois Jacob et l'autre. "C'est à la fois pathétique, émouvant et parfois drôle, profondément humain. Pour moi, c'est une tragicomédie à l'état pur, où il est question de la nécessite de chercher un sens à sa vie, de trouver des compromis, et aussi, très concrètement, de trouver de l'argent !," explique le cinéaste.
Alvaro Brechner a rencontré l'acteur Gary Piquer sur le tournage de son premier court métrage, et s'est tout de suite lié d'amitié avec lui. C'est un soir, alors qu'ils fêtaient l'anniversaire de l'acteur dans un restaurant uruguayen, que le projet Sale temps pour les pêcheurs est né: "On parlait de cinéma, Gary cherchait à convaincre tout le monde de je ne sais plus quoi, mais on était tout captivés. Et alors je lui ai dit : «tu aurais été un grand Orsini»," se rappelle le réalisateur. Ce dernier s'est alors employé à raconter l'histoire de "Jacob et l'autre", après quoi l'acteur a immédiatement proposé d'en faire un film. Une semaine après, les deux amis avaient commencé à négocier les droits du roman. "Quatre ans plus tard, jour pour jour, le film était présenté à Cannes", raconte Alvaro Brechner.
Même s'il s'est largement inspiré de l'œuvre de Juan Carlos Onetti, Alvaro Brechner a mis un point d'honneur à ne pas faire un copier-coller du roman original, préférant utiliser la liberté d'imagination laissée par l'auteur pour créer son univers à lui. "Je le dis avec humilité et toute l'admiration que j'ai pour ce grand écrivain : je pense que ça n'a pas d'intérêt de simplement transposer un récit au cinéma si on n'a rien de plus à apporter soi-même. (...) Pour moi, Jacob et l'autre est une histoire fabuleuse, et mon idée, ça a été de faire comme si je l'avais vécue moi-même, ni écrite, ni lue, ni écoutée, mais vécue !", explique le réalisateur.
Alvaro Brechner et Gary Piquer ont dû s'atteler à la tâche ardue de transposer à l'écran le personnage énigmatique qu'est Orsini. Travaillant ensemble pour l'écriture du rôle, ils ont décidé d'ajouter plusieurs détails pour étoffer la personnalité de ce "prince" en quête de ses racines italiennes. "J'inventais des situations auxquelles devait faire face Orsini, Gary se mettait dans le rôle et devait trouver des solutions. Quand nous sommes arrivés en Uruguay pour le tournage, Gary était devenu Orsini", raconte le réalisateur.
Gary Piquer et Jouko Ahola, qui incarnent respectivement les personnages Orsini et Jacob à l'écran, se sont tout de suite très bien entendus, à l'image de leurs personnages. "Comme Jouko ne parlait que le finlandais, il se raccrochait à Gary pendant tout le tournage. A la fin, il s'adressait à lui : «Prince ?», et Gary répondait : «Oui compañero ?» Ils étaient devenus aussi inséparables qu'à l'écran !", se souvient Alvaro Brechner.
Souhaitant trouver un titre différent du roman original, le réalisateur Alvaro Brechner s'est inspiré d'une citation de l'historien et écrivain Thomas Fuller : "Celui qui n'est pas chanceux, mieux vaut qu'il n'aille pas pêcher." Cette phrase, qui fait écho aux multiples allusions à la pêche dans le film, a ainsi donné le titre Sale temps pour les pêcheurs.
Sale temps pour les pêcheurs est le premier long métrage signé par le réalisateur Alvaro Brechner.
Sale temps pour les pêcheurs a été présenté en Compétition Officielle lors de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2009. Il a également été présenté dans de nombreux festivals, et notamment à Lima, à São Paulo et à Sofia.