Du pur réalisme social, dépouillé de tout artifice stylistique ou narratif, si ce n'est ce principe de montage qui consiste à présenter la même journée vécue par quatre personnages différents, avec comme points de raccordement le petit déjeuner et le dîner en famille.
Acteurs non professionnels (qui reproduisent devant la caméra des gestes familiers), lumière naturelle, caméra très mobile qui suit littéralement les protagonistes (souvent filmés de dos, en plans rapprochés)... Alejandro Fernández Almendras a voulu jouer la carte d'un cinéma vérité pour éviter toute caricature du monde paysan. Et son film témoigne effectivement d'une belle authenticité. Ce qu'il montre, c'est la difficulté à vivre, économiquement, d'une population de plus en plus marginalisée et frappée parfois d'ostracisme (le gamin à l'école). Un constat social résumé par le titre du film, Huacho, qui signifie premièrement "bâtard" et désigne, par extension, une personne ou un objet abandonné. C'est donc un peu la fin d'un monde, qui s'accompagne d'une forme de résignation.
La position du réalisateur dans son premier long-métrage est ambivalente, à la fois très proche de son sujet, de ses personnages, et distante. Avec un regard qui refuse toute forme de jugement ou d'empathie. La tonalité neutre renforce la justesse du film, mais génère aussi une certaine sécheresse émotionnelle. Autre limite propre à ce type de projet cinématographique, fondé sur la captation du quotidien, c'est la banalité ou le faible intérêt de quelques séquences (la journée du grand-père, par exemple). Petits trous d'ennui...
Cela dit, au-delà de ces écueils, cette fiction hyperréaliste laisse une belle impression d'humanisme discret.