Une très belle surprise du réalisateur Balman Ghobadi et ce, à la fois sur le fond et sur la forme. En effet il se situe historiquement juste avant les évènements du printemps 2009 et permet de bien comprendre l’état d’esprit de la jeunesse iranienne. Cette jeunesse férue de culture contemporaine, qui a intégré et assimile bien la culture occidentale, veut la greffer sur ses propres racines orientales. Il n’y a pas de rejet de leur propre culture, mais une vraie intégration, assimilation. Mais les mollahs sont là et veillent, ils ne veulent pas de l’affirmation de cette l’expression,de cet art « dégénéré ». C’est un vrai parcours du combattant pour ces jeunes créateurs et le film décrit magnifiquement, mais avec beaucoup d’humour et de dérision, cette épopée que vivent ces groupes Pop balbutiants. Le lieux les plus saugrenus deviennent salles de concert : étable fermière, toit d’immeuble en construction, caves insalubres. Tout le monde garde cependant la bonne humeur, car la recherche même de cette expression musicale est une forme avancée de liberté. Tous ces jeunes sont déjà libres « dans leur tête », La tentative d’asservissement du pouvoir est vouée à l’échec à long terme. Le ver est bien le fruit et un jour ou l’autre la démocratie éclatera en Iran.
Et puis ensuite la forme est superbe, très stylisée, très moderne, On est un peu dans une sorte de clip poétique géant (dans le bons sens du terme, comme l’ont été certains grands « clips ») parfois avec une image floue, parfois plus colorée, Un grand soin apporté à l’éclairage et à la lumière, et ce pour un film réalisé en 17 jours. Techniquement bien supérieur à beaucoup de films plus élaborés. Un montage dynamique, nous tient en haleine, presque comme un suspens policer. Et bien sûr une bande son exceptionnelle, par la variété et la qualité des artistes: le CD est un "must have" . La confirmation que Ghobadi est vraiment un très grand réalisateur.