Aaron, boucher dans le vieux Jérusalem prend par charité comme employé Ezri, un garçon paumé, à la recherche d'une école talmudique. On comprend qu’Ezri a été chassé de sa précédente école pour avoir eu une liaison avec un camarade, c'est celui ci qu'il tente de retrouver à Jérusalem. Aaron est pieux. Dès son tablier baissé, il file à la synagogue pour prier et étudier les écritures. Rentre chez lui juste pour manger, dormir - procréer. Il a une femme, Rivka bien jolie encore après avoir eu quatre enfants; la couche conjugale est formée de deux lits qu'on ne rapproche que lorsque la femme n'est plus impure ; la chemise de nuit, n’est enlevée qu'en cas d'étreinte... Le seul moment d'érotisme dans le couple c'est lorsque Rivka, ayant enlevé sa coiffe, brosse sensuellement sa longue chevelure. Tabakman a fait de son héros un boucher, celui qui toute la journée manipule de la chair -lui dont l'existence en est si dépourvue! Sa fascination pour le charmant Erzi, Aaron l'accueille d'abord avec joie : cette tentation que Dieu leur envoie, c'est l'occasion de la surmonter. Las.... Pour Aaron, ces moments passé avec Erzi, ce bain rituel dans une source glacée loin de la ville qui se termine en jeux de gamin, puis ces instants dans la chambre du jeune homme ce sont sans doute les premiers moments inutiles d'une vie entièrement consacrée au labeur et à la nécessité. Il est là, le sujet du film: l'irruption de la liberté dans une existence contrainte. L'intrusion de l'insécurité dans un monde parfaitement clos, de l'incertitude dans un univers prévisible -puisqu'organisé par Jéhovah Le scandale fait vite le tour du quartier, des dazibaos dénoncent la boucherie comme "non-casher", et quant au rabbin qui prêche la compassion portée au pêcheur, toute sa tolérance disparaît lorsque celui-ci est son meilleur disciple. Erzi s'en va, Aaron a tout perdu pour lui, tout ne peut que mal finir. C'est vraiment un beau film, avec son atmosphère tendue et angoissante, qui donne à réfléchir