Oubliez cette tagline "Par le producteur de Sinister" qui renvoie aux plus médiocres productions Blumhouse (ce n'en est pas une) et cette affiche digne d'une énième histoire d'esprit maléfique, "Kristy" est bien plus malin que ça !
Bon, peut-être pas sur le fond car le gros défaut de cet home invasion - ou plutôt "campus invasion" - est d'arriver après des films comme "The Strangers" ou "You're Next" et de respecter un peu trop les codes du genre.
Cette histoire d'une étudiante qui, le jour de Thanksgiving, se retrouve seule dans son université désertée face à une bande de meurtriers ne propose, en effet, pas grand chose de nouveau et se contente de remplir le cahier des charges : héroïne qui fuit sans arrêt au mauvais endroit, agresseurs quasiment doués d'un don de téléportation, proie qui, à mi-parcours, devient le chasseur, incohérences grossières (le coup du gardien qui se retrouve enfermé dehors alors que la porte est bloquée... de dehors !), etc. Bref, tout est là !
Les quelques innovations ne sont hélas pas assez approfondies pour convaincre. Par exemple, les motivations des tueurs sont plutôt bien pensées (des membres d'un culte qui appellent toutes les jolies filles "Kristy" - comprendre "qui vient du Christ" donc innocente victime - et dont les principaux buts dans la vie sont de porter des masques hideux (les mêmes que leurs collègues de "American Nightmare" mais en aluminium parce que ça coûte moins cher), de tracer des "K" partout et, bien sûr, de tuer) mais le film se contente de rester à la surface de ces éléments, probablement pour garder cette aura de mystère qui les entoure (la très bonne conclusion nous en apprendra quand même un peu plus).
Il en est de même pour ce côté "aléatoire" qui imprègne le récit (le film s'intitulait "Random" auparavant) symbolisé par l'héroïne sélectionnée complètement par hasard par les meurtriers. On cite la théorie du chaos ou le principe d'incertitude de Heinseberg en début de film et, hop, on croit que ça donne une profondeur suffisante au propos. Ben non, les gars, désolé mais ça ne marche pas comme ça !
Kristy est donc un home invasion plus que classique mais qui dispose d'un atout formidable : Oliver Blackburn.
Le réalisateur du pourtant médiocre "Donkey Punch" propose effectivement une approche visuelle assez inédite au genre.
La première partie basée sur la solitude de l'héroïne va prendre carrément des allures de film indépendant "arty" grâce à sa superbe photographie aux teintes pastels et à son montage aléatoire (toujours dans la thématique). La séquence avec "Pumpin Blood" de NoNoNo en fond sonore est un petit bijou à elle toute seule.
Puis, au fur et à mesure que les ténèbres envahissent le film au travers d'une nuit brumeuse d'hiver, Oliver Blackburn va faire preuve d'une gestion hallucinante de l'espace dans ces immenses pièces universitaires vides, rendant ainsi chaque scène de poursuite, pourtant maintes fois déjà vues, véritablement haletantes et fascinantes à suivre.
Cette maîtrise visuelle assez sidérante ne quittera jamais le film et lui donnera in fine une dimension qu'on n'aurait pu lui soupçonné de prime abord.
"Kristy" est aussi bien aidé par ses deux interprètes féminines principales : Haley Bennett en victime revancharde (qui, après avoir été le sosie officiel de Jennifer Lawrence, semble décidée à devenir celui de Carla Bruni-Sarkozy) et une étonnante Ashley Greene en leader des agresseurs. Leur face-à-face final fait des étincelles.
Il est donc un peu dommage que "Kristy" arrive un peu après la bataille des films du même registre mais sa réussite formelle est telle qu'on suivra la suite de la carrière d'Oliver Blackburn avec un réel intérêt.