La traduction en français du terme anglais « Defamation » est tout simplement « Diffamation ». S’agissant de l’antisémitisme, thème du film du documentariste israélien Yoav Shamir, où donc va se cacher la diffamation ? Serait-ce cet ensemble de traits de personnalité dont sont affublés (par certains !) les juifs depuis des siècles, ne serait-ce que par la propre grand-mère du réalisateur, une vieille sioniste qui fustige les Juifs de la diaspora qui, dit-elle, excellent à gagner de l’argent sans travailler ? A l’opposé, ne serait-ce pas ce procédé malsain qui consiste à qualifier systématiquement d’antisémite toute personne qui se permet de critiquer Israël ? En fait, au départ, Yoav Shamir a souhaité partir à la recherche de cet antisémitisme dont il entendait sans arrêt parler dans son pays sans jamais le rencontrer. Les médias de mon pays ne cessent d’affirmer qu’un peu partout dans le monde, soixante dix ans après l’holocauste, les juifs continuent d’être haïs, eh bien, allons voir ce qu’il en est. Allons voir aux Etats-Unis, allons voir en Pologne. Et ce voyage en Pologne, de quoi s’agit-il ? Chaque année, Israël organise pour ses lycéens des voyages vers les camps de concentration et d’extermination de Pologne, de façon à entretenir chez eux le souvenir de la Shoah. Initiative tout à fait louable ! Sauf que Yoav Shamir, en ayant suivi un tel voyage, nous apprend qu’on est passé de 500 voyages par an à la fin des années 80 à 30 000 voyages aujourd’hui et que les lycéens, accompagnés par des membres des services secrets, sont l’objet d’une préparation mentale selon laquelle les polonais n’aiment pas les juifs et qu’il n’est pas souhaitable de leur adresser la parole. Pourquoi ? Ne serait ce pas une façon d’alimenter chez ces jeunes la haine de l’autre et d’en faire ainsi de futurs parfaits soldats israéliens ? N’y aurait-il pas de la part du gouvernement israélien une volonté délibérée de monter en épingle, chez ses habitants et dans d’autres pays, particulièrement aux Etats-Unis, une prétendue haine des juifs de la part de la planète entière afin de pouvoir continuer tranquillement sa politique consistant à refuser obstinément de respecter les résolutions de l’ONU et à continuer de coloniser la Palestine, ce qui, bien entendu, ne peut qu’alimenter l’antisémitisme ? Bien entendu, on pourra regretter que Yoav Shamir ne soit pas allé dans les trop nombreux pays pays où existe encore et toujours un très fort antisémitisme, mais on aura également compris que cet antisémitisme, évidemment révoltant, ne peut qu’être nourri par la politique menée par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.