Premier long métrage comme réalisateur pour l'acteur et monteur Zoltan Mayer - qui en a écrit aussi le scénario. Le thème est celui du deuil - le plus douloureux qui soit, celui d'une mère qui perd son fils. Celui-ci, Christophe, était un jeune photographe "raffiné" (comme elle aime à le définir), enfant unique, parti depuis longtemps en Chine, fuyant particulièrement un père autoritaire (André Wilms). Cette mère, c'est Li-li-ane (comme elle va apprendre à le prononcer, en suivant la scansion du mandarin), modeste, laborieuse et peu communicative, qui prend LA décision de sa vie, en partant pour le bout du monde, afin de rapatrier la dépouille. Yolande Moreau en mère dévastée, se dégrossissant peu à peu en suivant les traces de Christophe (auquel elle confie par le menu ses impressions dans un journal de voyage, écrit au présent..) et s'imprégnant avec ferveur de tout ce qui faisait le quotidien de son enfant perdu (paysages - somptueux, ceux du Sichuan - sentiments, amicaux et amoureux, aspirations, réflexions...),
jusqu'à arriver à une plénitude, n'autorisant plus le retour à sa propre vie étriquée.
, est, sans surprise, l'atout premier de ce "Voyage en Chine". Le style de Mayer est délicat, sa mise en scène généralement élégante, mais on peut regretter que ces qualités esthétiques ne se doublent pas d'un peu plus de dynamisme au niveau de la dramaturgie, trop monocolore pour emporter totalement l'adhésion.