On s'attache le plus facilement du monde à cette oeuvre qui brille de par sa totale équanimité. Moreau n'a pas besoin d'haraguer longtemps pour nous satisfaire d'une histoire dotée d'une aménité sincère et enchanteresse, car son simple regard peut, d'un coup d'un seul, nous persuader de toute la beauté de cette histoire. Effectuant donc un voyage dans une Chine campagnarde, Mayer donne un degré de densité aux recherches d'une mère sur fond de découverte personnelle. On peut regretter le ton répétitif, voire même la signification nulle des sentiments ou le ton trop calme, endormant et poussif d'une péripétie qui a du mal à s'alimenter, et à délivrer plusieurs messages en même temps. Car la ligne directive reste et restera toujours portée sur les mêmes ondes, ne s'énervant guère, outrepassant que très peu nos désirs d'en savoir plus. Le montage tantôt doux, tantôt brutal, n'aide en rien une épopée qui a déjà du mal à illustrer ses pensées et qui se perd dans un paysage montagnard vite lassant. Il y manque une certaine puissance émotive mais aussi un brin de véritable légèreté. La caméra aime filmer une Yolande Moreau en totale déconnexion avec le temps, et jusqu'à un certain point, cela est fort plaisant, mais la fatuité, l'auto-suffisance, alourdit déjà un scénario qui se complaît bêtement dans le trou noir de la monotonie. Alors, vu que l'émotion ne fonctionne guère, on patiente et espère voir autre chose que la chevelure blonde de Moreau à travers des bouts de bambou, on chagrine de ne voir que le vide, ce vide existentiel dont fait preuve l'héroïne du film certes, mais aussi sensoriel, car plus rien n'est présent, autre que l'hypothèse de la joie retrouvée... Lourd, pas assez direct et long, ce film possède quand même l'avantage de nous faire voyager... Et de nous faire plonger tête la première dans les méandres de l'ennui. Navrant.