Air Doll : les secrets du tournage

Dans un tournant de sa carrière, le cinéaste Hirokazu Kore-Eda avoue avoir changé ses habitudes pour ce tournage : "Je crois que mon approche a changé pour ce film, notamment en ce qui concerne mon usage de la musique. Mais je n’arrive pas à envisager mes films de manière chronologique. Au fond, j’ai tendance à m’ennuyer rapidement. Si mon film est un cercle et que je suis au centre de ce cercle, je cherche à chaque fois à élargir ce cercle dans toutes les directions possible. Je peux me concentrer sur la narration, puis sur la dimension physique du corps humain etc. Ce film est un nouveau défi que je me suis lancé", explique-t-il.

Le directeur de la photographie d’origine taïwanaise Mark Lee Ping-Bing a déjà travaillé pour le film In the Mood for Love.

Le cinéaste révèle sa volonté de mettre en avant les personnages féminins : "J’ai imaginé des personnages féminins de différentes générations pour trancher avec le processus de vieillissement de la poupée, et pour dépeindre leur vacuité de manière frappante. Par exemple, il y a une femme qui tente de combler le vide de sa vie en mangeant, alors que la poupée ne peut pas manger. Une autre femme a peur de vieillir, tandis que la poupée préfère jouir de la vie et accepte de vieillir en abandonnant sa pompe à air. Tous les personnages, hommes ou femmes, sont seuls".

A l’exception de Maborosi, tous les films de Hirokazu Kore-Eda s’inspirent d’histoires vraies. C’est donc la deuxième fois, avec Air Doll que le cinéaste se lance dans la fiction pure.

La comédienne relate son approche du personnage : “Quand j’ai découvert le scénario, je me suis dit que même si l’histoire pouvait sembler anecdotique, c’était un projet unique qui brossait, de manière métaphorique, un formidable portrait du monde où nous vivons. La poupée est attachante et tendre, mais elle se sent aussi très seule. C’est une belle et émouvante histoire qui m’a beaucoup touchée. Pour moi, le plus important était de camper l’âme du personnage. Son âme est aussi belle et pure que celle d’un nouveau né. Et lorsqu’elle prend vie et qu’elle fait des rencontres, elle ouvre son âme aux autres. C’est ce que j’ai cherché à jouer."

En février 2000, la bande dessinée "The Pneumatic Figure of a Girl de Gouda Yoshiee" est parue aux éditions Shogakukan. Le film de Hirokazu Kore-Eda s'en inspire dix ans plus tard.