Pas terrible. Stuart Beattie fait partie de ses réalisateurs qui tentent leurs chances très vite après un direct to vidéo (DTV). En effet, son film Demain, Quand la Guerre a Commencé a peine sorti dans les magasins, le voici de nouveau qui déboule avec un long-métrage qui, cette fois-ci, obtient le précieux sésame de la diffusion sur grand écran. Habitué à rédiger des scénarios (la saga Pirates des Caraïbes, Collateral, 30 jours de Nuit), il tente le coup pour la deuxième fois derrière l'objectif. Alors que le film laissait présager quelque chose de bon, nous sommes en face d'un pur produit marketing décevant.
Tom Rosenberg, James McQuaide, Richard S. Wright ou encore Gary Lucchesi. Ces noms ne vous disent sans doute rien, pourtant cette belle brochette de bonhomme produit notre film I, Frankenstein. Martelé par l'affiche sous un slogan "Par les producteurs de Underworld", on se rend vite compte que ce film comporte énormément de similitudes avec la saga vampiresque. En effet, on retrouve deux camps qui s'affrontent dans des combats épiques où les loups-garous sont remplacés par des démons, tandis que les vampires sont eux aussi remplacés par des gargouilles/anges. La comparaison ne s'arrête pas là puisque dans Underworld, on retrouve un personnage au cœur du conflit entre les deux factions, ici il s'agit de la créature de Frankeinstein. Cherchant à envahir le monde grâce à son armée de super guerrier modifié (non, aucune allusion aux super loup-garou dans Underworld Nouvelle Ère), le grand méchant va tout faire pour détruire la faction qui s'oppose à ses sombres dessins. Qu'on ne s'y trompe pas, ce film est comme la saga dont il s'inspire : un film reprenant des thèmes antiques (lutte démon-ange) en y incluant des thèmes horrifiques (ici la créature de Frankenstein et le mythe qui s'y rapporte) en apportant quelques idées pour le moins intéressantes. On retrouve les combats au ralentis avec du sang, des effets spéciaux colorés et très jaillissants avec des armes badass et bien affutées.
Pas de prise de risque, on nous ressert le même schéma narratif que dans un Underworld avec son lot de rebondissements lourd et sa fin décevante. Voilà, vous savez à peut près tout de ce film qui se résume à une succession de combats mous, une histoire inintéressante qui est brodée sur trois fois rien, une créature de Frankenstein qui développe trop vite des sentiments (on est très loin du chef d'œuvre Frankenstein de Kenneth Branagh) et une utilisation plus que douteuse du roman de Mary Shelley. Un gros méli-mélo qui ne se démarque pas du tout du lot par son manque d'originalité et de prise de risque.
Le trio d'acteur principal est très impliqué dans le film, sans doute ce qui le sauve un peu de la catastrophe. On retrouve Aaron Eckhart (Thank you for smoking, The Dak Knight) en tant que héros du film malgré lui même si faire le gros bras n'est pas son type de personnages habituel. Bill Nighy (la saga Underworld et Pirates des Caraïbes) hérite encore du titre de grand méchant, à croire qu'il a décidément la tête de l'emploi. La sympathique Yvonne Strahovski (la série Dexter) s'offre un rôle pas trop mal mais assez peu mis en avant. Idem pour Miranda Otto (Eowyn dans la saga Seigneur des Anneaux) qui ne tire pas assez son épingle du jeu alors qu'il y avait moyen de faire autre chose.
Un véritable blockbuster peut, même si son histoire n'est pas très bien ficelée, se rabattre sur des moyens XXL. C'est bien entendu le cas ici avec un budget impressionnant (65 millions de billets verts). Effets spéciaux colorés et omniprésents, décors vastes et sombres, église insalubre et inhospitalière, laboratoire très lumineux et spacieux, tout est fait pour créer des ambiances différentes. Ajoutez à cela des musiques épiques bien en lien avec les séquences d'action et l'on obtient un film à la plastique de rêve, mais pauvre à l'intérieur.
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Les + : les acteurs sont bons, la réalisation est excellente
Les - : mais une histoire totalement inintéressante accompagnée de combats mous qui manquent de rythme !
I, Frankenstein est le parfait exemple du blockbuster gonflé aux effets spéciaux pour cacher une histoire décevante et pas intéressante. Difficile d'accorder des points à un film qui se veut novateur alors qu'il reprend depuis le début des codes et séquences de la saga Underworld en changeant quelques éléments pour nous faire croire que c'est original. Heureusement que les acteurs assurent, tout comme la réalisation, ça permet de faire passer un peu la pilule qui a déjà du mal à être avalée, surtout pour les fans du roman de Mary Shelley.