On dépoussière la saga "James Bond" et on revient à ses débuts pour ce vingt-troisième épisode (2013) qui se paye le luxe de fêter ses 50 ans au cinéma ("James Bond contre Dr No" est sorti en 1963). Donc, après les très bourrus mais néanmoins superficiels "Casino royale" et "Quantum of solace" (les deux précédents opus), "Skyfall" fait ravage dans les salles ! Et ENFIN (oui !) de nous proposer un James Bond digne de ce nom. Ouf !
Après l'enfoncement de Martin Campbell et Marc Forster (le démarrage de Daniel Craig sous les traits de l'agent britannique), Sam Mendes ("American beauty", "Les sentiers de la perdition") prend la relève et aguiche "Skyfall" de manière subtile, peut être sans aller dans la dentelle, mais va droit au but, sans fard, sans concession : il débouchonne son film dès le début comme James Bond commande sa vodka martini. Au sheker, pas à la cuillère !
Pour ses vingt-troisièmes aventures (sa troisième en réalité), sont appelés Neal Purvis, Robert Wade (déjà présents depuis "Goldeneye") et John Logan (le dernier arrivé à bord avec un CV à faire pâlir ses coéquipiers : "L'enfer du dimanche" (avec Pacino), "Gladiator", "Aviator" et "Hugo Cabret", c'est lui !!) au bureau de M en tant que scénaristes. Synopsis : après une mission qui a mal tourné, le MI6 se retrouve attaquée. Le seul homme de confiance de M, James Bond, va enquêter sur un certain Silva qui prétend connaître M... .
Dans cet opus, Sam Mendes délaisse le côté divertissement à la James Bond et forme avec Daniel Craig (pour qui c'est sa troisième incursion dans l'univers bondien) cet aspect rempart que Craig n'arrivait pas à former dans "Casino royale" ou "Quantum of solace". Ici, Craig a pris du galon, rentre dans la peau du personnage et se fond ainsi beaucoup mieux dans les décors filmés par Sam. Peut être était-ce une volonté des producteurs Broccoli Jr à affiner le personnage de James Bond et lui donner cet aspect plus sympathique et plus racoleur ? La question reste en suspens. Oui, Craig est toujours charismatique et insuffle à son personnage sa dose d'humour personnelle. Pour ma part, il était temps que Daniel Craig puisse donner cet humour british, cette classe, cette tenue (que Brosnan avait magnifié sans aucun doute). Il lui a donc fallu deux James Bond pour s'affirmer comme la relève de Pierce Brosnan. Timothy Dalton, lui, a eu droit à interpréter ce rôle deux fois. Bref, ne nous étendons pas !
Il y a donc la scène d'intro, efficace, le générique chanté (que j'ai moyennement apprécié car il ne possède pas vraiment de caractère. Pour moi, il manque ce charisme dans la voix. En gros, je n'ai pas été convaincu, et j'ai été content quand il s'est fini.) puis le film avec le méchant Javier Bardem ("No country for old man"), très bon, et M, Judi Dench qui apporte un tonus et une vitalité sans précédent. Extraordinaire ! Sam Mendes en profite pour creuser les personnages, M en premier, et c'est c'est donc sur la performance de Judi Dench que je me tourne. Du sans-faute de la part de Madame Dench qui fait vivre la saga depuis "Goldeneye". Tous mes chapeaux, Madame ! Avec aussi Sir Albert Finney ("Le crime de l'Orient express", "Annie" d'Huston, ...) qui apporte de la consistance dans ce second rôle d'ours mal léché et ce charme à l'anglaise que j'apprécie toujours autant. Bingo Albert ! On peut apprécier la James Bond girl Naomie Harris ("Pirate des Caraïbes 3") qui apporte tout son piquant (et des répliques qui tuent !) envers son collègue Bond. Super ! En revanche, Bérénice Lin Marlohe est inexistante. Ce point là ne m'a aucunement gêné.
Ensuite, côté rythme, on ne s'ennuie pas une seconde. Entre l'exotisme, les rebondissements, la castagne et les explosions, c'est la James Bond touch qui parle : c'est la débandade et j'en redemande. Surtout avec ce méchant... vraiment Javier. Pardon ! ...vraiment méchant.
"Skyfall", c'est non seulement raconter ce qu'il y a eu avant "Dr No", mais en plus, c'est puiser dans les références des anciens James Bond, et surtout pour les fans qui naviguent en terrain connu. Lorsque l'on voit James Bond avec sa première voiture (la fameuse DB7) et son thème légendaire (repris par un Thomas Newman ("Les évadés", "Larry Flynt" de Milos Forman, "Wall-E"...) en pleine forme, lui aussi !) c'est à "Goldfinger" que tout le monde pense. Les fans, eux, reconnaîtront sans vergogne "Les diamants sont éternels" quand Bond monte sur l'ascenseur au dernier étage, ou "L'homme au pistolet d'or" quand James fait face à plusieurs varans. Mais il n'y a pas que ces scènes d'anthologies, il y a la manière de filmer aussi, les lumières, le montage, les courses-poursuites. Tiens, juste une dernière ! A la fin, lorsque Javier Bardem retrouve Bond, ce sont ces effets de lumière (pendant les explosions finales) qui aveuglent Javier et qui font penser à la scène du cimetière dans "Goldeneye" pendant laquelle Sean Bean parle à Brosnan. Ces références, c'est que du subtil, Monsieur Mendes l'a compris, et nous le transmet tellement facilement, que nous, spectateurs, ça nous suffit.
Côté mise en scène, Sam nous gâte, et ça, c’est que du bonheur !
Pour conclure, nous avons affaire ici à l'un des meilleurs James Bond concocté par la brumeux Sam Mendes à la barre.
"Skyfall", note James Bond : 4 étoiles sur 4, tout comme "Goldeneye" (1995). Ce qui change ? L'époque. On verra lequel restera encore dans les mémoires dans 10 ans.